EXTRAIT DE LETTRE DE EVELINE GAGNON: SA BIOGRAPHIE. Mademoiselle Eugénie Roux qui fit la classe près de chez nous deux années de suite. C'est d'elle tout d'a- bord que j'appris à connaître la vie religieuse. Cette éducatrice de carrière était infirme - elle boitait avec une jambe plus courte que l'autre. Elle était très bonne. Après la classe, je lui faisais sa lecture spirituelle et même j'allais coucher avec elle à l'école, bien sûr avec la permission de mes parents. Souvent elle me gardait à déjeuner. J'aimais ses conversations, pourtant je n'avais que 11 ou 12 ans. Mes parents me mirent pensionnaire au couvent de Danville en janvier 1922. Durant deux ans et demi, J'appris à mieux connaître les reli- gieuses et je décidai de me donner entièrement ou service du bon Dieu dans la vie religieuse par le biais de l'enseignement. J'enseignai au couvent de Danville durant six mois, de janvier à juin 1925. Puis j'enseignai à Tingwick un an dans l'école alors située entre Tingwick et Warwick, proche la demeure de mon oncle Joseph McNeil, le frère de maman. L'année suivante, j'obtins facilement le poste à l'école du chemin Craig, située sur notre terre familiale. Maman y tenait a cause de ma santé un peu fragile. Je me souviens encore des bons dîners chauds qu'elle m'envoyait porter à l'école où quelques élèves prenaient eux-mêmes leur dîner. Puis en septembre 1927, je sollicitai le poste d'institutrice à l'école du village. Le chapelet se disait en famille le soir après le souper; il était suivi de la pri- ère du soir. Nous avions l'avantange de nos neuf premiers vendredis du mois, cela voulait dire un premier voyage en voiture à cheval la veille pour la confession dans l'après-midi et un second voyage le lendemain matin pour la messe et la communion. Après plus de soixante ans, me reviennent facilement à l'esprit ces paroles de papa devant nos petits jugements sur les autres: "Quand on ne peut pus dire du bien des autres, on n'en parle pas." Et ces autres paroles de mnman:: "Peux-tu vraiment savoir ce qui se passe dans la tête des autres pour avancer ce que tu viens le dire?" Voilà, c'était ce qu'il fallait pour nous garder dans l'amour. En aoOt 1928, je réalisais ce rêve caressé depuis longtemps: Entrer à la Congréga- tion de Notre-Dame pour y vivre comme religieuse. C'était le 26 août 1930. Dès le lendemain de ma profession, je fus envoyée, pour l'enseignement à l'Ecole Saint-Georges, devenue depuis Ecole Sainte-Marie, paroisse Saint-Bernard dans l'est de Montréal. J'y demeurai jusqu'en janvier 1948. Puis on m'employa à l'Ecole d'Ap- plication de l'Ecole Normale près de la maison mère, rue Sherbrooke. Après deux ans et demi, je fus nommée à l'imprimerie de notre Communauté, Maison mère. J'y suis demeurée jusqu'en août 1972. A cette date, un nouveau champ d'action fut le mien pour un autre deux ans et demi. Dans la région de Joliette, plus exactement à Saint-Ambroise de Kildare, j 'eus à me dévouer auprès de soeurs en convalescence ou en vacances. C'est là que j'essayai de développer des talents de maîtresse de maison. A cet endroit, je demeurai jusqu'en janvier 1975. La maladie me ramena à l'infirmerie de la maison mère et ce ne fut qu'en septembre suivant -après huit mois de maladie et de repos - que je reçus une nomination pour la comptabilité à la pharmacie de l'Infirmerie. Puis ce fut des services au télé- phone, ensuite au parloir. Entre temps, je m'initiais à la reliure, suite normale de mes 22 ans à l'imprimerie. C'est dans ces emplois au parloir et à la reliure que je vécus l'exode de notre dé- ménagement de la rue Sherbrooke à la rue Westmount, C'était en juillet 1985. Depuis durant presque dix ans, je travaillais à la reliure mais aussi j'ajoutai la corres- pondance avec plusieurs de nos maisons. Il s'agissait d'un Courrier qui donnait des nouvelles de la Maison mère. J'ai écrit 122 lettres -d'environ 4 pages 8½ x 11 au dactylo à un rythme d'une lettre par mois. J'aimais beaucoup ce travail qui me met- tait en communication pour ainsi dire avec nos maisons de tous les continents ou peu s'en faut. A ce travail, j'avais aussi l'occasion de me dévouer pour le commun des mortels et je m'explique: Presque chaque midi, j'avais la bonne fortune de me dé- vouer pour remettre en place les ustensiles du repas, environ 600 à 1000 morceaux - couteaux, fourchettes et cuillères et... j'aimais cela. Un certain premier juin 1994, ce fut le signe d'un changement d'adresse. L'arthrose faisant des siennes, je dus être hospitalisée et le 24 juin suivant, je partais en retraitée vers notre séniorat de la Pointe-aux-Trembles. C'est de là qu'aujourd'hui 18 mars 1995, je rédige ces quelques souvenirs. Evéline Gagnon, C.N.D. Pointe-aux-Trembles. 18 mars 1995.