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HOMMAGE DE FILIALE GRATITUDE À NOS VÉNÉRÉS PARENTS


        Nous devons beaucoup à nos chers parents. Ces pages se présentent comme un hommage de filiale reconnaissance. Nos parents nous ont tracé la route; ils nous entraînent encore à leurs suite sur le chemin de la loyauté, de l'amour et de la paix, selon la noble devise inscrite au blason des Gagnon. Nos ancêtres arrivèrent de la France au Canada vers 1639. En nos coeurs fidèles surgissent de nombreux souvenirs. Il nous faut choisir.

NOS GRANDS-PARENTS PATERNELS

        Grand-père Eugène Gagnon arriva à Tingwick le 30 mars 1892 et il avait déjà 54 ans. Bravement Eugène se met à l'oeuvre sur cette terre située au chemin de Craig - aujourd'hui rang Craig ou rang Sainte-Marie - lot 458. Neuf années seulement auront raison de ses forces déclinantes et il n'a que 61 ans.

        De ce grand-père, nous savons autres choses. Il était né à Saint-Jean-Port-Joli le 26 juillet 1838. Ses parents décédent l'un après l'autre alors que lui, l'aîné, n'a que 10 ans. Ses frères et soeurs sont adoptés par des familles comme cela se faisait à l'époque; une bouche de plus à nourrir ne faisait pas problème: "Dieu y pourvoira" disait-on et c'était vrai. Cependant pour Eugène, le monde du travail s'ouvre devant lui. Pensez donc, à 10 ans! Sans doute bien conseillé et accompagné, il part vers les États. Coiffé du chapeau de paille de son père, vêtu de l'habit de lin tissé et confectionné par sa mère, il s'en va gagner sa vie. En ce temps-là c'était la coutume d'aller "weaver" aux États-Unis afin de se gagner un peu d'argent. Eugène sera d'abord balayeur et commissionnaire en attendant d'être assez âgé et assez grand pour apprendre à "weaver", le métier de tisserand. En attendant, c'est sûr, il se garde bon garçon. Plus tard, à 25 ans, il songe à fonder un foyer et il revient à Saint-Jean-Port-Joli afin d'y prendre femme, comme on disait alors. Bientôt il s'éprend d'amour pour une jeune fille de neuf ans plus jeune que lui. Virginie Fortin était orpheline, ses parents ayant péri dans l'incendie de leur maison. Elle fut élevée par un cousin de sa famille du nom de Pierre Dubé; on lui procura l'avantage de quelque temps de pensionnat dans un couvent. On a dit que les parents adoptifs de Virginie la désavantagèrent car ils n'appréciaient pas ce jeune homme sans fortune. Virginie cependant avait vu clair; en cet ami, elle avait reconnu un bon chrétien sobre, rangé et travaillant. On raconte que ce jeune homme ne sacrait jamais mais il avait un patois "Vingaine"; lorsqu'on lui fit remarquer que Virginie ne savait pas faire la cuisine, il répondit: "Vingaine, je lui montrerai". Le mariage eut lieu le 13 octobre 1863 et les nouveaux mariés s'établirent au rang Elgin à Saint-Jean-Port-Joli.

        Quatre ans plus tard, Eugène et Virginie décident de se rendre à Arthabaska et le 29 novembre 1867, ils achètent une terre de Messieurs Félix Pépin et