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POURQUOI JE SUIS RELIGIEUSE



Aujourd’hui j’ai le goût d’écrire quelques confidences sur ma vie.

Comment se fait-il que je suis religieuse moi alors que personne dans ma famille n‘était là pour me donner l’exemple de ce genre de vie? Pourquoi je suis religieuse? Je crois que c’est là un appel du Seigneur. Il en est ainsi pour chaque personne humaine. Dieu nous donne la vie, notre âme immortelle. Cette vie, il nous la garde selon ses desseins à Lui sur chacun de nous. Il a son plan, mais comment le savoir? Toute jeune, je me souviens, nos professeurs nous faisaient prier pour connaître et pour suivre notre vocation, et c'était très bien cela.

Parmi ces professeurs, je nomme Mademoiselle Eugénie Roux qui fit la classe près de chez nous deux années de suite. C’est d’elle tout d’abord que j’appris à connaître la vie religieuse. Cette éducatrice de carrière était infirme -   elle boîtait avec une jambe plus courte que l’autre. Elle était très bonne. Après la classe, je lui faisais sa lecture spirituelle et même j’allais coucher avec elle à l’école, bien sûr avec la permission de mes parents. Souvent elle me gardait à déjeuner. J’aimais ses conversations, pourtant je n’avais que 1l ou 12 ans.

Mes parents me mirent pensionnaire au couvent de Danville en janvier 1922. Durant deux ans et demi, j’appris à mieux connaître les reli­gieuses et je décidai de me donner entièrement au service du bon Dieu dans la vie religieuse par le biais de l’enseignement.

J’enseignai au couvent de Danville durant six mois, de janvier à juin 1925. Puis j’enseignai à Tingwick un an dans l’école alors située entre Tingwick et Warwick, proche la demeure de mon oncle Joseph McNeil, le frère de maman. L’année suivante, j’obtins facilement le poste à l’école du chemin Craig, située sur notre terre familiale. Maman y tenait à cause de ma santé un peu fragile. Je me souviens encore des bons dîners chauds qu’elle m’envoyait porter à l’école où quelques élèves prenaient eux-mêmes leur dîner.

Puis en septembre 1927, je sollicitai le poste d’institutrice a l’école du village. Mon but: c’était clair, je désirais pouvoir participer à la messe quotidienne. C’était toujours l’appel du Seigneur qui me sollicitait.