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HOMMAGE DE FILIALE GRATITUDE À NOS VÉNÉRÉS PARENTS



 
 
 

PARTAGE DE MES SOUVENIRS AVEC
MA SOEUR ANTOINETTE
MON FRÈRE AIMÉ ET SON ÉPOUSE
MON FRÈRE MAURICE ET SON ÉPOUSE
MON FRÈRE AURÈLE ET SON ÉPOUSE
MON FRÈRE RÉAL ET SON ÉPOUSE
LES ENFANTS DE MES FRÈRES ET SOEURS DÉCÉDÉS
IDA, ANGÉLINE, OSCAR, WILFRID.
TOUS MES AUTRES NEVEUX ET NIÈCES.
 
Interroge les anciens
de la famille
et ils t'apprendront
beaucoup de choses.
Deut. XXXII, 7.
En cette année jubilaire de mes noces de diamant, 1990.


 

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HOMMAGE DE FILIALE GRATITUDE À NOS VÉNÉRÉS PARENTS




        Nous devons beaucoup à nos chers parents. Ces pages se présentent comme un hommage de filiale reconnaissance. Nos parents nous ont tracé la route; ils nous entraînent encore à leur suite sur le chemin de la loyauté, de l'amour et de la paix, selon la noble devise inscrite au blason des Gagnon. Nos ancêtres arrivèrent de la France au Canada vers 1639. En nos coeurs fidèles surgissent de nombreux souvenirs. Il nous faut choisir.

NOS GRANDS-PARENTS PATERNELS

        Grand-père Eugène Gagnon arriva à Tingwick le 30 mars 1892 et il avait déjà 54 ans. Bravement Eugène se met à l'oeuvre sur cette terre située au chemin de Craig - aujourd'hui rang Craig ou rang Sainte-Marie - lot 458. Neuf années seulement auront raison de ses forces déclinantes et il n'a que 61 ans.

        De ce grand-père, nous savons autres choses. Il était né à Saint-Jean-Port-Joli le 26 juillet 1838. Ses parents décèdent l'un après l'autre alors que lui, l'aîné, n'a que 10 ans. Ses frères et soeurs sont adoptés par des familles comme cela se faisait à l'époque; une bouche de plus à nourrir ne faisait pas problème: "Dieu y pourvoira" disait-on et c'était vrai. Cependant pour Eugène, le monde du travail s'ouvre devant lui. Pensez donc, à 10 ans! Sans doute bien conseillé et accompagné, il part vers les États. Coiffé du chapeau de paille de son père, vêtu de l'habit de lin tissé et confectionné par sa mère, il s'en va gagner sa vie. En ce temps-là c'était la coutume d'aller "weaver" aux États-Unis afin de se gagner un peu d'argent. Eugène sera d'abord balayeur et commissionnaire en attendant d'être assez âgé et assez grand pour apprendre à "weaver", le métier de tisserand. En attendant, c'est sûr, il se garde bon garçon. Plus tard, à 25 ans, il songe à fonder un foyer et il revient à Saint-Jean-Port-Joli afin d'y prendre femme, comme on disait alors. Bientôt il s'éprend d'amour pour une jeune fille de neuf ans plus jeune que lui. Virginie Fortin était orpheline, ses parents ayant péri dans l'incendie de leur maison. Elle fut élevée par un cousin de sa famille du nom de Pierre Dubé; on lui procura l'avantage de quelque temps de pensionnat dans un couvent. On a dit que les parents adoptifs de Virginie la désavantagèrent car ils n'appréciaient pas ce jeune homme sans fortune. Virginie cependant avait vu clair; en cet ami, elle avait reconnu un bon chrétien sobre, rangé et travaillant. On raconte que ce jeune homme ne sacrait jamais mais il avait un patois "Vingaine"; lorsqu'on lui fit remarquer que Virginie ne savait pas faire la cuisine, il répondit: "Vingaine, je lui montrerai". Le mariage eut lieu le 13 octobre 1863 et les nouveaux mariés s'établirent au rang Elgin à Saint-Jean-Port-Joli.

        Quatre ans plus tard, Eugène et Virginie décident de se rendre à Arthabaska et le 29 novembre 1867, ils achètent une terre de Messieurs Félix Pépin et
 


 

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Édouard Marchand pour $700.00. Aujourd'hui cette terre est codée lots 178-179 sur le 11e rang et 109-111-113 sur le 10e rang. Après vingt-cinq ans de dur labeur, durant lesquels cependant il pourra élever au moins sept enfants qui nous sont connus: Érasme, Rémi, Arzéline, Irénée, Joseph, Charles et Odilon, Eugène revend ces lopins de terre à Moïse Verville pour la somme de $1850.00; c'était le 30 mars 1892. À la même date, il achète de David Leblanc une terre à Tingwick, le lot 458 au chemin Craig pour la somme de $2400.00. Eugène est vaillant, généreux, économe et surtout profondément chrétien. Sa foi lui faisait dire souvent: "Si le bon Dieu le veut". Et l'on avançait dans la vie avec confiance.

        Trois petits traits ont traversé ces années qui nous séparent de la vie de Grand-père et sont parvenus jusqu'à nous. Je cite:

a) Grand-père Eugène conduisait la voiture de Monsieur le curé Pierre Jutras, lorsqu'il faisait la visite de la paroisse.

b) Il ne manquait pas ses 1000 Ave la veille de Noël. La Tradition nous rapporte qu'il y a environ 1000 pas de Bethléem à la grotte où naquit Jésus. Ainsi lors d'une veille de Noël, on battait du grain dans la grange. Ne voulant pas manquer ses 1000 Ave, Grand-père, à tous les 10 Ave. faisait une entaille avec son couteau de poche sur la rampe de la tasserie. Toutes ces coches sont demeurées là jusqu'à la fin des jours de cette grange, au moins 50 ans puisque la grange fut démolie vers 1954. Heureux temps où l'esprit de foi ne nuisait en rien au travail de ces braves gens.

c) Un dernier trait: Plus de trente ans après la mort de Grand-père, à la gare de Warwick, comme on descendait du train le cercueil de notre père Irénée, on entendit deux vieillards - sourds sans doute puisqu'ils parlaient très fort - faire l'éloge du père de Irénée Gagnon: "... le bon vieux père Eugène, je l'ai bien connu dans le temps" disait l'un d'eux.

Notre grand-père mourut sur sa terre à Tingwick, le 16 mais 1901; il fut inhumé au cimetière d'Arthabaska. Lorsque la mort le frappa subitement, il était en train de faucher à la petite faux dans la côte à l'arrière de l'école. Il faut dire que cette école était justement située sur cette côte et n'était séparée de la maison que par une autre légère côte et un petit ruisseau. Cher Grand-père, il venait d'entendre la parole du bon Dieu: "Viens, bon serviteur..."

GRAND-MÈRE VIRGINIE FORTIN (Elle écrivait parfois Eugénie.)

        Notre grand-mère devenue veuve continuera l'exploitation de la ferme avec ses deux jeunes fils Charles et Odilon. Cette femme forte était née elle aussi à Saint-Jean-Port-Joli, le 28 octobre 1847. C'était une personne jolie, avec une chevelure abondante, blonde et qui frisait naturellement. Même parvenue à la soixantaine, elle était encore coquette, nous assure-t-on. Grand-mère Virginie survivra onze ans à son mari et elle mourra sur cette même terre de Tingwick alors occupée par son fils Irénée. Tout d'abord elle avait vendu la terre à son fils Rémi; c'était le 21 août 1901. Rémi ne gardera la terre que six mois; il la remet à sa mère le 15 février 1902. Trois ans plus tard, le 26 mai 1904, par contrat la terre passe à Irénée. Ce dernier a déjà fourni une bonne carrière; il s'était marié à dix-sept ans à Sara Marchand, fille de Onésime Marchand d'Arthabaska. Ce monsieur Marchand, époux de Léontine Tardif, beau-père de Irénée et grand-père de Ida, mourra à 84 ans, le 27 avril 1918. Disons en passant que Sara était la jeune soeur de Louise, la femme de Rémi; donc les deux frères mariés aux deux soeurs. On m'a raconté que Irénée courtisait Louise d'abord, mais Rémi la lui vola lors d'une absence prolongée de son frère. On devine la peine profonde, mais Monsieur Marchand, bon père de famille, présenta Sara au jeune Irénée. Tout est bien qui finit bien.
 


 

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        J'ai très peu connu Grand-mère Gagnon puisque je n'avais que cinq ans lors de son décès. Tout de même j'ai quelques souvenirs personnels. Ainsi je me rappelle qu'elle allait vivre soit chez sa fille Arzéline, Madame Alfred Bouffard, à Arthabaska ou chez nous à Tingwick. Chez notre tante, il y avait de grands enfants alors que chez nous la maisonnées était encore jeune. Le déménagement se faisait en charrette l'été et en bobsleigh durant l'hiver. Papa attelait deux chevaux et, avec Grand-mère, on apportait tout son ménage: lit avec bas de lit en dentelle, commode, valise, berceuse avec dossier et coussin, même le vase de nuit et son couvercle. En ces années, on ne connaissait pas les toilettes à eau; le jour, il fallait aller à la "bécosse" dehors; la nuit, sur le vase de tout le monde. Un jour que Grand-mère nous revenait "pour tout de bon", disait-elle, nous l'entourions avec bonheur à son arrivée. Tout à coup, très fatiguée du voyage sans doute, elle tomba assise sur une berceuse. Malheur!, sur le coussin de cette chaise dormait au soleil le petit chat d'Oscar, mon frère. Du coup, Grand-mère qui était grasse et lourde, l'écrasa à mort. Déluge de larmes chez le jeune garçon de six ou sept ans. Il fallut que papa lui promette un autre chat encore plus beau et pour bientôt. La chambre de Grand-mère était comme un sanctuaire, n'y entrait pas qui le voulait. Je me souviens avoir pleuré pour y entrer mais je pense que c'était surtout pour avoir du sucre d'érable qu'elle gardait en réserve et qui m'attirait. Aujourd'hui j'admire cette femme grisonnante qui se prêtait volontiers pour amuser les enfants, qui tricotait pour nous, qui se fâchait aussi parfois mais que maman protégeait toujours beaucoup et de temps à autre à nos dépens, ce que nous ne comprenions pas toujours. Ce qui est certain, c'est que les grands-parents sont des bénédictions pour les familles surtout quand ils savent égrener leur chapelet comme le faisait si bien notre grand-mère.

        Je me souviens également de ces jours si tristes où la maison s'emplit de monde le jour et la nuit. C'est que "Memére" était là couchée sans vie sur des planches recouvertes de draps blancs. Un suaire (linge blanc de toile mince) lui couvrait la figure, robe noire, bas noirs sans chaussures, mains jointes et un chapelet blanc entre les doigts. Des draps blancs couvraient les murs de sa chambre dont on avait retiré tous le meubles. Un cierge allumé tremblotait près du lit funèbre. Toutes les demi-heures, parents et voisins se mettaient à genoux, on retirait le suaire pour découvrir la figure et on récitait un chapelet. Puis on continuait de jaser à voix basse, les hommes ensemble et les femmes de même. À minuit, on prenait un réveillon de sandwiches et on buvait du thé. Le matin des funérailles, on apportait le cercueil pour y déposer la défunte. Grand-mère, comme son mari, fut inhumée au cimetière d'Arthabaska. "Memére", continuez de veiller sur nous tous du Paradis où nous aimons vous voir. Ici-bas, elle avait atteint la fin de ses jours, âgée de soixante-cinq ans. C'était le 4 décembre 1912.

        Revenons en 1904. Huit ans après son mariage, Irénée avait déjà refermé trois cercueils d'enfants et sa femme mourra en donnant naissance à deux jumeaux qui mourront eux aussi et seront placés dans le même cercueil, celui de leur mère; c'était le 26 avril 1898. Notre père demeurait à Central Falls, les restes mortels des trois jeunes enfants reposent dans l'un ou l'autre cimetière de cet endroit. Pour ce qui est de sa femme Sara, j'ai lui l'an dernier (été 1989) qu'elle mourut à Woonsocket, R. I. - sans doute dans un hôpital - et qu'elle fut inhumée à Arthabaska où demeuraient ses parents. Veuf à vingt-cinq ans, seul avec une petite fille qui


 

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 n'avait pas deux ans, il visite une cousine de sa mère, Rosalie Fortin mariée à Pierre McNeil. Ces cousins germains de Grand-mère Gagnon demeuraient tout près de chez elle. On y accueillit volontiers la jeune Ida. L'aînée de six demoiselles McNeil, Alphonsine, deviendra la seconde épouse de Irénée. Il est facile de voir ici le jeu de la Providence. Le mariage eut lieu à l'église Notre-Dame à Central Falls, le 26 septembre 1901. En ce temps-là, le mariage se célébrait durant une messe, mais les messes se célébraient le matin; il fallut aviser autrement. Alphonsine, accompagnée de sa soeur Joséphine et de la jeune Ida, arriva au cours de la journée; on se rendit immédiatement au presbytère pour un mariage sans messe; ainsi le voulait la liturgie de l'époque; il ne s'agissait pas de coucher dans la même maison sans être mariés. Le bon Dieu voit toujours les bonnes intentions. Les nouveaux époux continuèrent de vivre aux États ou Irénée possède un magasin - genre dépanneur comme on dirait aujourd'hui - et cela jusqu'en 1904 alors que Grand-mère Gagnon offre de vendre la terre à son fils. Le contrat de vente signé, c'est le déménagement, le retour au Québec. Sur ce chemin du retour, nos parents virent pour la première fois une automobile; elles sont bien rares les automobiles, ainsi en 1928, un seul homme de Tingwick en possédait une, c'était Monsieur Napoléon Baril - une auto qu'on remontait avec une manivelle à l'avant et un toit qui ne se relevait que lorqu'il pleuvait. C'est donc sur une terre que désormais Irénée et Alphonsine élèveront leur onze enfants. Voici leurs noms: Ida, décédée en 1973, Angéline, décédée en 1960, Aimé, Oscar, décédé en 1984, Évéline, Antoinette, Wilfrid, décédé en 1975, Alice, décédée en 1925, Maurice, Aurèle et Réal. Le bon air de la campagne semble faire du bien à tous et désormais il n'y a plus pour Irénée de petits cercueils d'enfants.

MES SOUVENIRS D'ENFANT ET D'ADOLESCENTE.

        Je revois mille et une bonnes choses de cette vieille maison démolie en 1954. Maison de bois naturel qui n'a jamais été peinturée, le pain étant plus important que la peinture. La cave, bien sûr, n'était ni cimentée ni éclairée; on y marchait sur la terre et à la noirceur. Pour y accéder, il y avait une trappe dans le plancher de la cuisine et un petit escalier sans rampe. Dans cette cave, on avait disposé deux grands carrés avec plancher et entourés d'un petit mur; on appelait cela les parts à patates et justement c'était pour y garder en réserve la provision de l'année. Une ingéniosité, on avait perforé au-dessus de ces parts une petite trappe, tout juste ce qu'il fallait pour y faire descendre un enfant avec une chaudière. Nous aimions bien rendre ce service à maman, cela nous donnait l'illusion d'être brave à la noirceur. Ce que nous avons éplucher des patates, il en fallait au moins une grande chaudiérée de 10 livres à chaque repas, car nous étions des gros "mangeux" de patates. En hiver, il fallait descendre dans ces parts pour égermer les patates. J'ai toujours trouvé mystérieux cette vie chez la patate qui, même coupée de sa tige, continue de pousser des germes blancs et longs durant l'hiver et qu'on enlève sous peine que la patate devienne toute séchée "ratatinée". C'est en égermant que nos parents décidaient de mettre à part les patates très belles qui serviraient de semence au printemps.

        Au rez-de-chaussée de la maison, il y avait la grande cuisine et trois chambres à coucher. Plus tard, la chambre de "Memére" deviendra salon, on supprimera la chambre des garçons afin de pouvoir aménager une salle à dîner. Un escalier sans rampe conduisait au premier et unique étage. Une trappe fermait cette ouverture de l'escalier. Tout à côté de cette trappe, maman déposait dans une grande boîte de bois hermétiquement fermée les beaux gros pains qu'elle confectionnait 


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 elle-même. Pour atteindre cette boîte, nous n'avions qu'à soulever la trappe. Que d'ingéniosité chez ces bonnes gens d'autrefois; ils savaient se débrouiller. Avec la famille qui grandissait, nous avons fini par avoir trois chambres à coucher sur cet étage et un petit grenier. Dans ce grenier, où j'aimais beaucoup aller me réfugier, il y avait un pupitre de maîtresse et des livres, mes amis de toujours. Ici, il faudrait dire que l'école du rang était bâtie sur notre terre. Or en 1907, cette vieille école fut remplacée par une neuve et la vieille fut transportée près de notre maison pour devenir "la soue à cochons", le dictionnaire Larousse dirait: "Une étable pour y loger les porcs". À part le pupitre de la maîtresse, nous avions aussi hérité de la grille-confessionnal qui servait à Monsieur le Curé alors qu'il confessait les élèves dans ses visites aux écoles. Au grenier, maman serrait les rouets, le sien et celui de grand-mère, le métier à tisser, la tournette, le dévidoir, etc. Plus tard, on y entassera les unes sur les autres, les chaudières pour l'eau d'érable afin de les empêcher de  rouiller. Il m'arriva de les emprunter à la cachette pour m'en faire des élèves; quoi de mieux lorsqu'on est enfant, que la vocation d'institutrice nous fascine, qu'on a un pupitre, des livres mais pas d'élèves. Il faut dire que j'aimais être la maîtresse, ce qui ne plaisait pas toujours à mes frères et soeurs. Comme je les comprends bien aujourd'hui.

        Je me rappelle le grand banc derrière la table de la cuisine, les  tartines de crème du vendredi matin, les bonnes crêpes au lard bien chaudes, la galette de sarrasin, le jardin tout près, la talle de cerisiers, les cerises de France, les nombreux pommiers, la huche à pains, la planche à laver, les cuvettes en zinc (sous lesquelles j'aimais me promener à la pluie, ca faisait zic, zic, zic). le moulin à laver le linge que l'on actionnait avec un bras, la baratte à beurre, le grand chaudron de fer, près de la maison, que l'on chauffait avec des bûches et qui servait pour faire bouillir le linge ou encore à confectionner le bon savon du pays bien doré. Parfois aussi papa s'en servait pour faire bouillir l'eau d'érable durant certains printemps, pour le bonheur de ses enfants. La condescendance de notre père allait jusque là, surtout si cette période de l'année sollicitait son aide pour les animaux encore à l'étable.

        Je me souviens du vieux sofa dans la cuisine sur lequel papa aimait nous raconter des histoires ou encore nous chanter des chansons; il chantait très bien notre père; il savait aussi jouer du violon et de l'accordéon. Sur ce même sofa couchait le quêteux; jamais je n'ai vu maman refuser le gîte à un pauvre du bon Dieu comme elle disait. Ces pauvres portaient généralement une ardoise au cou avec la signature de leur curé. La grande horloge de la ferme, était si vénérable que seul papa avait le droit de la remonter; mais privilège spécial, nous les enfants avions le droit de l'ouvrir pour y prendre les sous que papa y déposait pour les quêteux. Je revois aussi les colporteurs (pedlers) avec leur étalage de marchandises, ce qui excitait notre curiosité, mais les pedlers ne faisaient pas fortune chez nous, tout au plus une bouteille de painkiller pour soulager tous les maux. Comment ne pas rappeler ici les grosses caisses qui nous arrivaient des États envoyées par ma tante Clara, la femme de mon oncle Érasme, le frère de papa. Ces caisses pleines de linge, de fuseaux de fil, de boutons et de bebelles aussi pour les enfants? En ce temps-là papa se rendait travailler aux États en hiver afin de gagner un peu d'argent pour acheter des machines agricoles, les semences du printemps ou encore pour payer un terme de terre. Le bonheur de recevoir chacun notre carte de Noël à notre nom, encore une délicatesse de ma tante Clara.
 


 

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 Faut-il parler des sarclages au jardin ou en plein champ, la semence des patates pour laquelle les services des enfants étaient réclamés? Nous étions bien avertis de n'arracher que les mauvaises herbes et pour les patates donc, il fallait au moins un germe sur le morceau que nous mettions en terre et tant d'espace entre chaque semence. C'était moins drôle lorsqu'il nous fallait aller ramasser les bêtes à patates car quelques semaines plus tard après la semence, ces vilaines petites bêtes barrées se multipliaient en vitesse et il nous fallait les ramasser au plus vite; en ce temps-là, il n'était pas question d'arrosage pour les détruire. À l'automne, nous allions tous dans le champ ramasser ces belles patates roses ou blanches. Parfois un seul pied rapportait jusqu'à 10 ou 12 belles patates du petit morceau semé au printemps. Au moment de la récolte, il fallait faire triage: les petites étaient mises de côté pour la nourriture des animaux; les autres séchaient sur le champ et ensuite on les transportait dans les parts de la cave. Que dire de notre participation à la récolte des foins? Râteler, mettre en vailloches, fouler le foin sur la charrette ou dans la tasserie, tout autant de travaux auxquels les filles pouvaient participer. Ma part en tout cela était assez mince car maman me réclamait plus souvent qu'à mon tour pour la garde des enfants à la maison, ce qui ne me plaisait pas toujours. Les gros tas de roches qu'on voyait ici et là dans les champs, quel travail onéreux que de ramasser de la roche après les labours de l'automne; ce travail était surtout celui des hommes. Plus tard les tracteurs sont venus à la rescousse et , au moyen de ces lourdes machines, appelées "bulldozer" on enterrait les tas de roches, mais alors fini les groseilles, les gadelles et autres petits fruits qui poussaient si bien autour des tas de roches.

        Disons donc combien c'était agréable pour nous les jeunes d'aller en pique-nique à la petite source non loin de la maison; l'eau était si claire et si froide et bonne. Nous allions aussi sous le gros érable proche la clôture du voisin, Monsieur Letarte ou encore dans la petite talle de bois où il y avait des noisettes et des cenelles avec lesquelles nous nous fabriquions des colliers et des chapelets. Que dire de la grosse insulte à nos petits voisins quand nous leur disions: "Tarte à la framboise". Madame Letarte était bel et bien "Rasberry" de son nom de famille, framboise en français. Il me faudrait parler de la cueillette des fraises des champs si bonnes, si sucrées, des framboises à l'orée du grand bois et même de bleuets. Les garçons étaient meilleurs que les filles pour toutes ces cueillettes de petits fruits et maman toujours bien contente de nos trouvailles pour préparer ses pouddings ou des confitures. Sur la terre, nous trouvions aussi des groseilles, des gadelles, de la rhubarbe et des plantes médicinales que maman mettait en réserve pour soigner nos bobos en hiver. Il y avait aussi certaines racines avec lesquelles notre mère savait nous tonifier. Je me souviens de cette fameuse huile de castor (de ricin) qu'il nous fallait prendre à l'occasion de nos grippes tenaces. Maman n'en donnait qu'aux malades et toujours avec une bonne cuillérée de confiture aux fraises ou de la bonne tire d'érable tout exprès pour les malades; je soupçonne qu'elle devait y ajouter certain médicament. Que de souvenirs et j'en passe beaucoup.

        En ces années écoulée jusqu'à mon entrée en religion, je veux signaler encore trois événements plus marquants: D'abord la grippe espagnole en 1918. C'était en automne après le Congrès Eucharistique de Victoriaville et surtout après l'armistice qui terminait l'affreuse guerre 1914-1918. Cette vilaine grippe faucha plusieurs membres de nos familles. L'église fut fermée, les écoles de même. On ramassait les cadavres sitôt après la mort et on les enterrait immédiatement à cause de la contagion. Je revois un cousin gros, grand et fort; il passe devant chez nous vers une heure de l'après-midi pour aller faire moudre du grain chez Monsieur Baril en
 


 

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 bas de la côte. Or à cinq heures ce même jour, il était enterré au cimetière. Il n'avait que seize ans et il se nommait Donat McNeil. Notre famille immédiate fut préservée de cette contagion. Avec notre père, nous allions arracher des patates et autres légumes - j'avais alors 11 ans - chez nos parents malades car l'automne avançait et il y avait danger de gelée, donc de perte considérable chez ces cultivateurs malades et décimés par la grippe. Maman s'assurait chaque matin que nous avions notre petit sac de camphre au cou et nous recommandait de le renifler souvent. Le soir, une bonne tisane chaude nous aidait à mieux dormir.

        Le 19 janvier 1925, notre grand-père Pierre McNeil quittait la terre. Grand-mère Rosalie Fortin l'avait précédé dans la bienheureuse éternité le 8 avril 1919. Deux jours après les funérailles de Grand-père, notre chère petite soeur Alice décédait à son tour à l'âge de 12 ans. Depuis le Jour de l'An, elle souffrait de rhumatismes inflammatoires et ce 23 janvier, son coeur céda sous la violence de la souffrance. Alice était une bien bonne enfant qui avait hâte d'aller au ciel et qui en parlait volontiers avec ses petites amies à l'école. Un détail significatif: sans doute pour ne pas donner trop de trouble après sa mort qu'elle devinait prochaine, elle avait enveloppé un par un tous ses vêtements de communion solennelle; la dernière nuit, elle eut le courage de chanter de sa belle petite voix douce: "Au ciel, au ciel, j'irai la voir un jour". Nous avions cinq ans de différence, mais combien nous nous comprenions  toutes les deux. Aujourd'hui j'aime penser qu'elle doit sourire à ces notes qu'elle me voit écrire pour les laisser à ma famille.

        La terrible crise économique des années '30 fut cruelle à bien des points de vue pour beaucoup de familles à Tingwick et un peu partout dans le monde. J'ai pensé copier ici un état de compte de la situation des cultivateurs en ces années pas roses du tout.
        "Les cultivateurs vendaient leurs biens presque pour rien et ils payaient cher les denrées qu'ils devaient acheter. Un animal de deux ans se vendait de $4.00 à $8.00, alors qu'en 1917, on pouvait le vendre $75.00. Le porc se vendait 6 sous la livre; le boeuf 4 sous la livre; le beurre 8 ou 9 sous la livre; le bois de chauffage, $1.25 la corde et on peut dire que le reste était à l'avenant. On n'achetait que le strict nécessaire. Les payes de fromagerie ne rapportaient qu'environ $5.00 par semaine, quelle somme ridicule et que de travail pour de si minces revenus!

        Il m'est agréable d'ajouter quelques mots sur la foi et la confiance en Dieu durant ces années de mon jeune âge. Le cadre de la sainte Famille trônait dans la cuisine; un chapelet y était accroché, c'était celui que chacun prenait pour réciter le chapelet à tour de rôle un peu après le souper. Comme c'était beau cette filée d'enfants à genoux avec papa et maman. Le chapelet et la prière du soir se récitaient bout à bout et à genoux; on ne pensait pas s'asseoir sinon les plus petits sur leurs talons. Je revois mon père à genoux longuement le matin vers quatre heures en été pour sa prière. C'est que moi aussi j'aimais me lever à bonne heure pour aller sarcler au jardin, à la cachette de mes soeurs. Ce sont ces matins-là dans la belle nature que j'aimais rêver à la vie religieuse. On n'aurait pas voulu manquer notre premier vendredi du mois.  Papa nous prêtait "la Blonde", une vieille jument très douce avec les enfants et nous nous rendions à l'église la veille pour les confessions et le lendemain matin pour la messe et la communion. J'aimerais ajouter que l'église actuelle a été construite l'année de ma naissance en 1907, à preuve, j'ai été baptisée au presbytère. Je pleurais tellement que M. le curé Jutras dit: "Cette enfant-là meurt de faim, passez-la à la cuisine." On m'y donna du lait à boire. Serait-ce
 


 

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 de là que date le gros appétit qui est encore le mien à plus de quatre-vingt ans? Il faudrait rappeler lorsque nous marchions au catéchisme pour notre communion solennelle. Nous avions la chance de loger au village chez notre Grand-père McNeil. Cette année-là, notre Grand-mère, paralysée et clouée à une chaise se contentait de nous sourire comme preuve qu'elle nous connaissait et nous aimait, mes cousins et mon frère Oscar. Ces deux cousins étaient Stanilas Ouellette et Aimé Caron.

        Le temps des fréquentations vers les années '20: Les jeunes gens qui se courtisaient se rencontraient généralement le dimanche et parfois le jeudi. Ils étaient  toujours sous la surveillance des parents ou "d'un chaperon" même lors des promenades en voiture et out le monde trouvait cela bien correct; on ne rejimbait pas. Un couple sans surveillance aurait été mal jugé. On se faisait des petites veillées d'amis dans les maisons. Les jeux de société étaient tous bien corrects. Le jeu de clanche surtout était populaire. Vous ne savez pas? C'était le garçon allait tendre la main à la jeune fille d'un autre; ce dernier allait clancher un autre fille ou allait "manger de l'avoine" dans la cuisine... Dans ces réunions, on aimait les chansons à répondre, la gigue et sets carrés. Les musiciens s'en donnaient à coeur joie avec l'harmonica, l'accordéon, le violon ou l'harmonium. Les pianos étaient rares par chez nous. On utilisait même des cuillères pour donner le rythme à nos chansons et c'était gai.

HOMMAGE SPÉCIAL À NOTRE PÈRE.

        Notre père, Irénée Gagnon, devait mourir à cinquante-huit ans des suites d'un cancer de l'estomac. Il fut gravement malade durant six mois puis il s'éteignit chargé de mérites le 10 janvier 1932. Il aurait pu dire: "J'ai combattu le bon combat, j'attends du Seigneur l'éternel repos". Sa missions était accomplie sur terre. Papa mourut à Montréal, sur la rue Notre-Dame, proche la chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours. Il mourut muni des sacrements de la sainte Église, c'était un dimanche un peu avant minuit. Sa femme et presque tous ses enfants l'entouraient; il était parfaitement lucide et il avait bien hâte que le Seigneur vienne le chercher. Le lendemain on le transporta à Tingwick, sur cette terre où il avait vécu et travaillé durant 28 ans. Je t'entends encore me dire, lors d'une visite que je lui faisais peu de temps avant son décès: "J'ai rêvé à un beau champ de blé tout mûr, tout doré... je pense encore à ces choses-là." Pour moi cette réflexion de papa était évidente: c'était le symbole de sa vie bien remplie aux yeux du bon Dieu, lui qui sait tout même nos secrets les plus intimes. Depuis quelques années, tout en gardant la terre, papa vivait à Montréal avec maman et les deux enfants encore aux études, Aurèle et Réal. D'autres aussi demeuraient encore avec eux: Antoinette, Wilfrid et Maurice qui s'étaient trouvé chacun un emploi. Pour moi, en ces années-là, j'enseignais comme professeur laïque à Tingwick. Je devais entrer au couvent à la fin d'août 1928. Notre père travaillait de nuit dans une fonderie; il préparait les carrés de sable pour le travail du lendemain; le matin en revenant chez lui, il aimait entrer à la chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours pour y participer au saint sacrifice de la messe. De temps à autre il se rendait à la sacristie pour jaser avec l'aumônier, Monsieur Legrand, un vétéran de la guerre 1914 et un prêtre qui connaissait bien les problèmes des familles en ce temps-là. Quatre ans avant son décès, quelques jours après mon entrée au noviciat, il fit venir tous ses enfants à Montréal sans leur dire pourquoi. Aucun ne manqua le rendez-vous. Ce dimanche-là je les vis arriver tous au parloir. C'était la première fois que toute la famille se trouvait ainsi réunie dans un parloir d'une maison religieuse. En me quittant, ils se rendirent chez un photographe. À ce portrait unique de la famille, on ajouta mon portrait, voilà ce qui nous vaut aujourd'hui ce trésor de famille. Cher papa, vous avez bien fait tout
 


 

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 votre possible pour bien élever votre nombreuse famille. Soyez-en béni éternellement. Notre père fut inhumé au cimetière de Tingwick, proche la grande croix du centre, près de notre chère et bonne petite Alice.

HOMMAGE BIEN FILIAL À NOTRE CHÈRE MAMAN.

            Maman, Alphonsine McNeil, survécut 12 ans à notre père. Après le décès de celui-ci, qu'elle avait soigné avec beaucoup de dévouement durant six mois, elle fit elle-même une grave maladie et ses forces allèrent en déclinant. Par son travail à la journée notre père avait réussi à libérer la terre de toute dette, mais c'était encore la grande crise économique.Notre mère ne fut pas capable de diriger cette grande terre et il fallut tout liquider. Sa fille Antoinette la reçut chez elle à Montréal. Jusqu'à sa mort, maman fut entourée de bons soins, de bonté et de respect par Antoinette. D'ailleurs maman s'ingéniait à lui rendre service dans la mesure de ses forces. Ses dernières années s'écoulèrent donc dans la sécurité de ce nouveau chez elle. Son chapelet ne la quittait guère, ce bon vieux chapelet mauve qui datait de sa première communion et que je revois avec émotion chaque fois que j'ai le bonheur d'aller chez Michel; il est là pendu au mur de la cuisine, souvenir d'une personne que nous chérissons encore tellement. Maman était sobre de parole; elle l'avait toujours été; son bon sourire nous en disait long lorsqu'elle nous écoutait. Chez elle, comme chez les gens proches de Dieu, elle faisait le bien sans faire de bruit. Nous lui gardons le souvenir d'une grande chrétienne dévouée, charitable, d'une mère attentive au mieux-être de tous ses enfants et petits-enfants. Atteinte de paralysie, maman mourut dans la paix du bon Dieu le mardi de Pâques, 11 avril 1944. Le lendemain à la messe, la Liturgie nous faisait dire: "Venez les bénis de mon Père, prenez possession du Royaume qui vous a été préparé." Comme celle de papa, sa dépouille mortelle fut transportée à Tingwick et inhumée au même cimetière. Née le 20 juin 1874, notre chère maman nous quittait à 69 ans. Que dans la paix du Seigneur, elle continue de veiller sur nous tous et merci, mon Dieu, de nous l'avoir donnée; ses exemples de patience, de charité, de bienveillance demeurent et nous sont un stimulant au long des jours qui nous restent encore à vivre.


Chers frères, chère soeur,
Chers neveux et nièces.

        À vous qui aurez la patience de me lire jusqu'au bout, je veux dire que tous ces souvenirs, pauvrement et rapidement écrits ici, m'ont habitée toute ma vie. Je rends grâce au bon Dieu de m'avoir fait naître et grandir dans une aussi belle famille que la nôtre. J'aurai pu vous raconter bien d'autres souvenirs; je sens que le temps me presse et que bientôt ce sera mon tour de quitter cette terre pour aller dans le véritable CHEZ NOUS éternel. C'est là que je vous donne rendez-vous. Il faut que nous y soyons tous.

Je remercie particulièrement Aurèle, Yvan, fils de Oscar, Gérald, fils de Aimé et Jean-Paul, son petit-fils,; grâce à eux tous, j'ai pu vous donner des détails précieux. Par ailleurs dans mes conversations avec Aimé ou Carmen ou Solange, etc. il me faisait plaisir d'ajouter à mes souvenirs. Merci à tous. 

Congrégation de Notre-Dame, Montréal, été 1990.
 


 

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 L'Histoire nous apprend que nos ancêtres vivaient à la "Gagnonière", petit village dans Tourouvre près de Ventrouvre au Perche en France. Nous avons le nom de Barnabé marié à Françoise Creste. Barnabé était considéré comme un vieux patriarche et le 26 avril 1652, il est cité parmi les notables de l'endroit. Il eut deux fils: Olivier et Pierre. Ce dernier commence notre lignée au-delà de l'Atlantique par ses trois fils: Mathurin, Jean et Pierre. Sa femme s'appelait Françoise Roger, la mère de Marguerite. Après la mort de sa première femme, Pierre épouse Madeleine-Renée Roger qui fut la mère de Mathurin, de Jean et de Pierre. Le père ne vient pas au Canada, mais sa femme, Marguerite et les trois fils arrivèrent entre 1635 et 1639.

NOS ANCÊTRES AU CANADA

1 - Pierre (fils de Pierre et de Renée Roger) se marie à Vincente Desvarieux
            Le mariage a lieu à l'église Notre-Dame de Québec, le 14 septembre 1642.
2 - Pierre (fils de Pierre et de Vincente Desvarieux) se marie à Barbe Fortin.
            Le mariage a lieu à Château-Richer, le 6 février 1669.
3 - Alexandre (fils de Pierre et de Barbe Fortin) se marie à Angélique Caron.
            Le mariage a lieu à Sainte-Anne-de-Beaupré, le 26 août 1711.
4 - Charles-François (fils de Alexandre et Angélique Caron) se marie à Josephte Pelletier.
            Le mariage a lieu à Sainte-Anne-de-la Pocatière, le 1er janvier 1745.
5 - Charles-François (fils de Charles-François et de Marie-Joseph Pelletier se marie à Marie-Anne Judith Miville.
            Le mariage a lieu à Sainte-Anne-de-la Pocatière, le 21 août 1770.
6 - Charles (fils de Charles-François et Marie-Anne Judith Miville) se marie à Marguerite Pierre-Jean.
            Le mariage a lieu à Saint-Jean-Port-Joli, le 7 novembre 1794.
7 - François-Régis (fils de Charles et de Marguerite Pierre-Jean) se marie à Marcelline Caron.
            Le mariage a lieu à Saint-Jean-Port-Joli, le 14 février 1825.
8 - Eugène (fils de François-Régis et Marcelline Caron) se marie à Virginie Fortin.
            Le mariage a lieu à Saint-Jean-Port-Joli, le 13 novembre 1863.
9 - Irénée (fils de Eugène et Virginie Fortin) se marie à Sara Marchand.
            Le mariage a lieu à Arthabaska. le 1er septembre 1890.
            Il se marie en secondes noces à Alphonsine McNeil. Le mariage a lieu à l'église Notre-Dame de Centrall Falls le 26 septembre 1901.
 
 

Note: C'est grâce à mon frère Aurèle, si je peux vous donner cette généalogie.
 


 

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 Ces notes généalogiques sur la famille McNeil me viennent de Monsieur Raymond J. Corriveau de Montréal. Une occasion que je qualifie de providentielle me mit un jour en présence de ce généalogiste-amateur et ce ne fut pas long; nous avons reconnu très vite que sa grand-mère était la cousine germaine de notre grand-père Pierre McNeil. Quelle chance, moi qui ne savais où m'adresser pour avoir des notes généalogiques sur les familles McNeil

NOS ANCÊTRES McNEIL AU CANADA
 

            1 - Angus (Ignace) MacNeil, l'ancêtre, épouse Catherine MacLean, vers 1768 en Écosse. Angus est né en Écosse vers 1736. Il décède le 7 septembre 1813 à l'âge d'environ 77 ans à Saint-Vallier; sépulture le 11 septembre suivant au même endroit. Catherine MacLean son épouse est née vers 1743 en Écosse. Elle décède le 8 mai 1833, à l'âge de 90 ans, à Saint-Vallier. Sépulture le 10 mai suivant au même endroit. Voilà ce que nous révèlent les registres de Saint-Vallier-de-Bellechasse.

            2 - Antoine McNeil (remarquons que déjà Mac devient Mc) épouse Élisabeth Lapierre. Le mariage a lieu à Saint-Vallier, le 26 octobre 1795.

            3 - Benoît épouse Angèle Roy, le 10 janvier 1837, à Saint-Vallier

            4 - Pierre épouse en premières noces Rosalie Fortin, le 30 janvier 1872 à Notre-Dame de Lévis. En secondes noces, il épouse Marie-Anne Frégot (veuve de Jean Vaillancourt) à Tingwick, le 18 octobre de l'année 1921.

            5 - Alphonsine McNeil épouse en secondes noces Irénée Gagnon à Notre-Dame de Central Falls, le 26 septembre 1901.
 
 
 
 
 
 

Note: Si le bon Dieu le veut, je pourrai vous laisser plusieurs autres détails sur la famille de maman. 


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UN PEU D'HISTOIRE

SUR NOS ANCÊTRES McNEIL

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ORIGINE DES MACNEIL OU MCNE1L AU CANADA.


        Angus (Ignace) MacNeil, l'ancêtre, épouse Catherine MacLean, vers 1768 en Ecosse. Angus est né en Ecosse vers 1736; il décède le 9 septembre 1813, à l’âge d’environ 77 ans à Saint-Valier; sépulture le 11 septembre suivant au même endroit. Catherine MacLean, son épouse, née vers 1743, en Ecosse, décède le 8 mai 1833, à l’âge de 90 ans, à Saint-Vallier; sépulture le 10 mai suivant au même endroit. Voilà ce que nous révèlent les registres de Saint-Vallier de Bellechasse ou maman Alphonsine McNeil est née.

        Lorsque Angus MacNeil et sa femme arrivent au Québec, vers 1775, leurs quatre enfants les accompagnent: Marie, Antoine (notre aïeul), Maurice et Jacques. Plus précisément ils viennent de l’Île Barra. Cette île Barra est l’une des îles de l’archipel des Hébrides; toutes ces îles appartiennent à l’Écosse. C’est pourquoi on dit que leurs habitants étaient des Ecossais. De ce couple émigré à Saint-Valier naîtront six autres enfants: Jean-Baptiste, le 30 avril 1777; Angus (Ignace) en 1781; Neil en 1783; Christine en 1785; Marie-Anne en 1787 et François en 1789.

        On peut dire que tous les MacNeil venus au Canada venaient de l’île Barra et étaient sans doute de même parenté. L’île Barra est la plus au sud des Hébrides. Ces terres étaient peu fertiles. Angus MacNeil ainsi que ses fils et ses petits-fils, comme tous les autres Écossais établis au pays, ont exercé tous les métiers imaginables. Ils ont été pêcheurs, aubergistes, commerçants, employés de chemin de fer, meuniers, etc. Ils étaient aussi  excellents navigateurs, mais de médiocres agriculteurs pour un bon nombre d’entre eux. Angus, après seulement quelques années au pays, est cité dans la Gazette de Québec, en date du 13 mai 1779, et celle du 10 mai 1780 puis dans celle du 26 avril 1781, comme ayant obtenu un permis pour la vente de liqueurs alcooliques dans l’exploitation d’une auberge à Saint-Valier pour ces trois années. L’Histoire a droit a la vérité, même si ce n'est pas tellement honorable de vendre des boissons alcooliques.

        Angus Il est lui aussi mentionné dans la Gazette de Québec du 10 décembre 1821, comme ayant atteint la 29e place sur une liste de 60 pilotes marins du St-Laurent. Comme il était né le 18 juin 1781, à l’époque de cette annonce sur le journal, il avait 40 ans. Il épousa Madeleine Levasseur, le 14 mai 1811, dans la paroisse Notre-Dame, à Québec. La population locale trouvant le vrai nom difficile à prononcer, l’avait dénommé Ignace.

        Nommons d’autres MacNeil venus au pays, tous venaient de l’île Barra. Un MacNeil serait arrivé en même temps que les troupes anglaises au moment de la conquête en 1759, alors que que les autres vinrent plutôt vers 1775. Une femme nommée Mary MacNeil épouse Roderick MacIntyre et ils vont s'établir à Berthier-sur-mer, Montmagny. Quelques mois plus tard, en août 1776, le mari meurt prématurément à l’âge de 35 ans. La veuve mariera un autre Ecossais. Un autre MacNeil vint habiter parmi nous et cette fois à Québec. Il s’appelle Rory MacNeil et il est le fils de John MacNeil et de Marguerite MacIntyre. Il se dit lui aussi venir de l’île Barra. Rory épouse Thérèse Hamel le 15 février 1779, dans la paroisse de Notre-Dame, à Québec. Il est l’ancêtre de l’ancien joueur de hockey, Jerry McNeil.

Ces notes sur la famille MacNeil m’ont été fournies par un Monsieur Corriveau de Montréal, mais natif de Saint-Valier de Bellechasse. Sa grand-mère maternelle s’appelait Pamela McNeil et était la cousine de notre grand-père Pierre McNeil et de son frère Neil et de leur soeur Emélie. Ce Monsieur Corriveau était un généalogiste-amateur et j’eus la bonne fortune de recevoir sa visite deux autres fois, puis il changea d’adresse et je ne le revis plus.
 


 

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MES GRANDS-PARENTS MATERNELS


        Pierre McNeil est né à Saint-Vallier de Bellechasse en avril 1846. Il était le fils de Benoît McNeil et de Marie-Angèle Roy. Le 30 janvier 1872, Pierre unissait sa destinée à Rosalie Fortin à l’église de Lévis. Rosalie est née en 1848 et elle était la fille de Georges Fortin et de Basilisse Saint-Pierre. Les nouveaux mariées s'établirent d’abord à Saint-Vallier où, dit—on, Pierre était navigateur comme son père. Une dizaine d’années plus tard, ils iront s'établir à Tingwick où Pierre deviendra cultivateur du 24 février 1883 au 9 août 1911. Ce 24 février, il achète de Dame veuve Edouard Croteau les lots 435 et 436 pour $560.00. Il vend cette terre le 5 avril 1892 à Noé Saint-Hilaire pour $1200.00. Le 11 novembre 1893, il achète le lot 331 de Ferdinand Beauchesne pour $1200.00 et le 22 avril 1898, il achète le lot 336 face à la petite école no 7 dont j’ai déjà parlé au sujet de grand-père Gagnon. D’ailleurs le lot de Grand-père McNeil - au haut de la côte à Baril - n’était qu'à trois ou quatre maisons du lot de Grand-père Gagnon. Le 9 août 1911, Pierre donna ses terres à son unique fils Joseph-Elzéar et avec son épouse, il s’en va demeurer au village à titre de rentier comme on le disait en ces années-la.

        Pierre McNeil était venu à Tingwick en même temps que son frère aîné Neil et sa soeur Emélie. Cette dernière demeurait au village et décéda le 24 novembre 1904. C’est justement dans cette maison que Pierre et Rosalie finiront leurs jours. Autant Pierre a gardé ses cheveux noirs jusqu ‘à la fin, autant Neil avait les cheveux blancs et une très longue barbe de patriarche. Notre Grand-père devenu veuf se remaria avec Dame Marie-Anne Frégot, veuve de Jean Vaillancourt, le 18 octobre 1921. Il mourut le 19 janvier 1925, quatre jours avant notre chère petite soeur Alice.

        Rosalie Fortin, notre Grand-mère McNeil, avait trois frères: Pierre, Georges et Joseph; trois soeurs: Julie, Adélaïde et Eugénie. Elle avait certainement reçu une très bonne éducation dans sa jeunesse qu’elle sut transmettre a ses enfants. À Tingwick, on considérait les “Demoiselles McNeil” comme des modèles de délicatesse, vertueuses et désintéressées autant qu'aimables avec tout le monde. Je tiens en particulier ces propos d’une dame bien connue alors et qui tenait magasin général Madame Fouquette; elle appréciait beaucoup toutes ces dames dans leurs va-et-vient. En ces années-là, son frère Pierre Fortin demeurait à Tingwick; Georges à Ham-Nord et Joseph à Sherbrooke. Notre Grand-mère était la cousine de Grand-mère Gagnon, Virginie Fortin.

        Nos Grands-parents McNeil eurent huit enfants. Je résume: Alphonsine, née à Saint-Vallier le 20 juin 1875 et décédée le 11 avril 1944. Elle fut mariée à Irénée Gagnon. Wilhelmine née en 1876 et décédée célibataire le 25 octobre 1893. Elise née elle aussi à Saint-Vallier et décédée le 22 novembre à Disraéli. Mariée le 2 juillet 1911 à Stanislas Ouellette, elle meurt à son premier enfant qu’on nomma Stanislas (Tanis) et qui fut élevé par ses grands-parents McNeil. Ce dernier mourut à 50 ans sans laisser de descendants. Joséphine née à Saint-Vallier en 1881 et décédée chez sa fille Yvonne à Danville en 1967; elle fut mariée à Napoléon Caron le 7 mai 1901. Ce dernier né en 1878 mourut en 1958. Ludivine, la première née à Tingwick en 1882 mourait en 1951: elle avait marié Félix Ouellette né en 1880 et décédé en 1958. Rosanna née en 1884 et décédée en 1971; elle avait marié Arthur Caron le frère de Napoléon, né en 1882 et décédé en 1961. Joseph-Elzéar né en 1886 et décédé en 1939; il avait marié Rosa Lallier née en 1890 et décédée en 1968. Un 8e enfant naquit et mourut à sa naissance en 1889.
 


 

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         Avant de clore cet article sur nos ancêtres maternels, j’aimerais ajouter que cette petite maison de la tante “Mélie” avait bellement servi de pensionnat à ses neveux et nièces au temps de leurs études. La maison était assez petite, un rez-de-chaussée et un grenier. Dans le bas, deux chambres à coucher et une grande cuisine. Alphonsine fut sans doute la première accueillie par la bonne tante Mélie. C’est qu’il n’y avait alors qu’une seule école dans cette grande paroisse de Tingwick et elle était tenue par un professeur-homme. Pour être admise, il fallait y penser sérieusement; les enfants de Pierre McNeil eurent droit à une place chez la tante chaque année. Alphonsine fut la première à en profiter et je vous assure qu’elle en profita. En une seule année, elle apprit à lire, à compter, a écrire et elle fit sa première communion. Mais elle avait onze ans. L’année suivante, il fallait laisser la place à sa soeur Joséphine et ainsi de suite. Je peux vous dire que Alphonsine, notre bien chère maman, 50 ans plus tard m’écrivait de très belles lettres sans presque pas de fautes.

        À remarquer que la tante Émélie et la tante Wilhelmine furent inhumées au cimetière dénommé le “vieux cimetière” sur le chemin de Warwick. Ce n’est que le 16 mars 1959 que l’évêque de Nicolet donna la permission pour que ce cimetière soit réduit à l’usage profane. C’est le 29 juin suivant qu’un jugement de la Cour Supérieure autorisera l’exhumation des morts de cet ancien cimetière. Leurs ossements seront tranférés au nouveau cimetière acheté en juin 1892 et bénit par M. le curé Pierre Jutras le 28 juin 1896. De ces cimetières me revient en mémoire ce geste très chrétien de nos papas canadiens qui soulevaient leur chapeau en passant devant une église ou un cimetière.

        J’aime rendre hommage à ces chers Grands-parents McNeil qui ont bien fait leur possible à travers les mille difficultés de la vie. Grand-mère sera paralysée durant une bonne dizaine d’années. Je me rappelle la voir à longueur de journée dans une chaise sans pouvoir bouger ni parler. Grand-père en prenait soin lui-même mais parfois il comptait sur nous les enfants de passage pour aller faire ses commissions. Lorsque je marchai au catéchisme durant un mois avec mon frère Oscar, je couchais au grenier et j’avais tellement peur. Une nuit il tonnait et éclairait je descendis me coucher avec mon oreiller par terre dans la cuisine. Grand-père arriva aussitôt et me dit doucement: “Va te coucher avec ta Grand-mère.” Je n’ai jamais su où lui-même passa le reste de la nuit. Dans l’autre chambre, il y avait mes cousins Tanis, Aimé Caron et mon frère Oscar.

        L’oncle Neil McNeil et sa femme vécurent leurs derniers jours à Tingwick près de la petite maison de notre Grand-père. Leur maison à eux était grande, belle et bien peinturée avec une longue galerie qui la contournait. Assez vaguement je me souviens que Ida, ma demi-soeur était plus parente avec eux que nous-mêmes, sans doute par ses parents maternels, les Messieurs Marchand d’Arthabaska. Au décès accidentel de mon oncle Rémi, dans l’ouest canadien vers 1914, j’avais accompagné Ida chez ce Grand-oncle Neil McNeil car la femme de oncle Rémi était elle aussi une Marchand Louise soeur de Sara, la première femme de papa. En 1989, au cimetière d’Arthabaska, j’ai pu revoir les épitaphes de M. et Mme Marchand alignés avec d’autres en marge du cimetière car on venait de relever les corps des familles qui ne communiquaient plus avec les autorités du cimetière. Peu auparavant quelqu’un avait repéré les cinq petites croix des enfants de la famille Alfred Bouffard (ma tante Arzéline était la soeur de notre père Irénée) ainsi que la petite pierre tombale de Sara Marchand, la première femme de papa. A ce voyage,.je me suis rendue au presbytère consulter les registres concernant ces chers défunts de nos familles. C’était même un peu émotionnant de reconnaître la signature de papa ainsi que celle de mon oncle Rémi.
 


 

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 Encore quelques notes sur la famille immédiate de PAMELA McNEIL.

        Jacques McNeil, père de Pamela, était le petit-fils de Angus (Ignace) MacNeil et de Catherine MacLean, lesquels arrivent au Canada vers 1775. Thomas (Tommy) Corriveau, 1852-1929, épouse Pamela McNeil, un mardi, le 22 avril 1879, à Saint-Vallier. Thomas, né et baptisé le même jour et au même endroit, un samedi, le 31 janvier 1852, à Sainte-Claire, Dorchester. Décédé le 7 janvier 1929, à l’âge de 76 ans et 11 mois, à Saint-Vallier; sépulture le 9 janvier suivant, au même endroit.

        Pamela McNeil, née le 4 mai 1853, à Saint-Vallier; baptisée et prénommée Marie-Émilie le jour suivant, au même endroit. Décédée le 9 novembre 1928, à l’âge de 75 ans et 6 mois, à Saint-Vallier; sépulture le 12 novembre suivant au même endroit. Elle était la fille de Jacques McNeil, propriétaire de goélette et d’Emérence Bilodeau.

        Un accident fait malheureusement perdre à Thomas, le pouce de la main gauche. C’est un jour très froid et à l’automne à la fin du siècle dernier, alors que c’est le jour du battage du grain. Cette tâche doit être exécutée à chaque année après les récoltes de l’automne, avec l’utilisation d’une machine appelée batteuse, laquelle est actionnée par un moteur à essence. C’est la fin de 1'après-midi et on vient tout juste de finir cette journée de travail. A ce moment, quelqu’un arrête le moteur et enlève la courroie qui actionne la batteuse. Thomas remarque que la poulie de cette dernière, continue à tourner encore. Donc, il laisse traîner légèrement sa main gauche portant une mitaine, pour l’arrêter. C’est alors que tout à coup, dû au froid qui sévissait cette journée-là, sa mitaine colle à la poulie, lui arrachant sa mitaine de la main avec le pouce restant dans cette dernière. Immédiatement on s’empresse de le transporter chez le médecin, pour lui faire refermer la plaie qu’il venait de se faire accidentellement à la main, par la perte de son pouce. Thomas, est âgé d’environ 45 ans à l’époque et vécut le reste de sa vie, étant privé de l’usage de son pouce de la main gauche.

        Thomas, connut durant sa vie trois tremblements de terre. Le premier a lieu en 1860, puis celui du 9 septembre 1870, alors qu’il était âgé de 18 ans et 7 mois. Enfin, le dernier se fit ressentir un samedi à 21h21, le 28 février 1925 et à celui-ci, il avait 73 ans et un mois. (Moi aussi, Soeur Evéline, j’ai été témoin de ce violent tremblement de terre. J’étais dans la cuisine avec mon père, lui lisait et moi, je crochetais un tapis. Ce fut dur, il fallut tenir la lampe dans nos mains?) On se souvient très bien de ces choses.
 


 

Verso de la page 16

 
 
 Ces notes me viennent de Monsieur Raymond Corriveau qui me dit qu'il y a encore des McNeil à Saint-Vallier de Bellechasse. Les registres de cet endroit de même que ceux de Saint-Jean-Port-Joli seraient intéressants à visiter pour d’autres informations sur nos ancêtres.
 


 

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À PROPOS D'UN VOYAGE AU PAYS DE NOS ANCÊTRES:

        C'est intéressant de savoir que notre cousine Bernadette McNeil, fille de Joseph Elzéar - Madame Aurèle Denis - a fait récemment un voyage en Écosse avec son mari. Des inconvénients atmosphériques les ont empêchés de se rendre sur l'île Barra, mais ils ont pu se documenter dans un musée d'Écosse et nous leur devons la page ci-contre sur nos ancêtres McNeil. J'aurais aimé une bonne traduction française, mais je n'ai pu la réaliser; peut-être trouverez-vous quelqu'un capable de nous rendre ce service.

        L'histoire parlerait de neuf otages du roi d'Irlande dont l'un portait le nom de Neil MacNeil. Son fils Niall est considéré comme chef de l'Ile Barra dès 1040. Ces chefs, de père en fils, demeurent dans un château ou forteresse entourée d'eau. Encore en 1962, le 26e Chef de Barra est confirmé dans son rôle de roi ou chef. Leur devise: "Vincere vel mori" en anglais: "Victory or Death", en français: "La victoire ou la mort". Cette devise sent un peu la piraterie, mais soyons sans aucune crainte, elle ne traversa pas l'Atlantique car nos ancêtres étaient de bons vivants, ceux au moins que nous avons connus et que nous connaissons encore.

C'est montagneux au pays de nos ancêtres, Bernadette nous en donne une bonne idée par les photos ci-jointes.
 
 

Monsieur Denis est très intéressé aux vieilles choses qui parlent de nos ancêtres.

 
Bernadette se documente
même à 75 ans.

Ah! Le beau voyage,
nous dit-elle.


 


 

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_______________MACNEIL___________

details of which have been prepared at the request of

_____________BERNADETTE MACNEIL DENIS_____ who resides at
 

______________DAYTONA BEACH FL. VOLUSIA, U.S.A._____________
 

Dated this _______11th_______day of______September______19____93________




MACNEIL: This clan, principally of two independent branches - the MacNeils of Barra and those of Gigha, proclaim a descent from Eoghan (Ewen) of Alleach, a son of "Neil of the Nine Hostages," King of Ireland, whose descendant Niall is said to have arrived in Barra about 1040. By such ancestry the Barra line are held 'Chiefs of the Name'. In 1427 Gilleonan MacNeil, 9th of Barra, received a charter from the Lord of the Isles granting Barra and the lands of Bolsdale in South Uist, which wew later confirmed by Crown Charter to Gilleonan Mac Roderick, 11th of Barra, in 1495, following the forfeiture of the Macdonald Lords of the Isles. The McNeills of Gigha and Taynish are said descend from Neil, brother of Murchald of Barra, whose son, Torquil of Taynish, was Keeper of Castle Sween in Knapdale circa 1449. From this period the Gigha branch followed the Macdonalds of Islay and Kintyre, while the Barra family became allies of the Macleans of Duart, and frequently the two branches found themselves fighting on opposing sides. Rory, 15th of Barra, excused his piracy of an English ship by proclaiming to James VI that he had but barried the subjects of a woman who had executed his sovereign's mother, Mary Queen of Scots. In this time the MacNeil chiefs themselves lived like kings in their sea-girt fortress of Kisimul, with its private berth for Kisimul's Galley and, as tradition relates, none dare dine before MacNeil had had his fill. Roderick, 18th of Barra, supported 'Bonnie Dundee' in 1689, and look part in the Jacobite cause in 1715. His son, the Baron of Barra was imprisoned for his part in the 1745 Rising. The island was sold by the 21st Chief in 1838, on whose death the chiefship passed to MacNeil of Ersary whose descendant, Robert L. MacNeil, 25th Chief, re-acquired most of Barra, including Kisimul Castle, in 1938. In 1700, Donald MacNeill, 1st of Colonsay, traded his estate of Crerar with the Duke of Argyll, in exchange for the Isles of Colonsay and Oronsay. In 1780, McNeill of Colonsay also bought the estates of Gigha and Taynish - Colonsay itself was sold to Lord Strathcona in 1904. CHIEF: Prof. Ian MacNeil [was confirmed in 1962 as 26th of of Barra and Chief of the Name of MacNeil] . CREST: A rock proper. MOTTO: "Vincere vel mori" (Victory or death). PLANT BADGE: Seaware. TARTANS: MacNeill (1) of Barra.  (2) of Colonsay.
 
 


 

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POURQUOI JE SUIS RELIGIEUSE.

 


Aujourd’hui j’ai le goût d’écrire quelques confidences sur ma vie.

Comment se fait-il que je suis religieuse moi alors que personne dans ma famille n‘était là pour me donner l’exemple de ce genre de vie? Pourquoi je suis religieuse? Je crois que c’est là un appel du Seigneur. Il en est ainsi pour chaque personne humaine. Dieu nous donne la vie, notre âme immortelle. Cette vie, il nous la garde selon ses desseins à Lui sur chacun de nous. Il a son plan, mais comment le savoir? Toute jeune, je me souviens, nos professeurs nous faisaient prier pour connaître et pour suivre notre vocation, et c'était très bien cela.

Parmi ces professeurs, je nomme Mademoiselle Eugénie Roux qui fit la classe près de chez nous deux années de suite. C’est d’elle tout d’abord que j’ appris à connaître la vie religieuse. Cette éducatrice de carrière était infirme -   elle boitait avec une jambe plus courte que l’autre. Elle était très bonne. Après la classe, je lui faisais sa lecture spirituelle et même j’allais coucher avec elle à l’école, bien sûr avec la permission de mes parents. Souvent elle me gardait à déjeuner. J’aimais ses conversations, pourtant je n’avais que 1l ou 12 ans.

Mes parents me mirent pensionnaire au couvent de Danville en janvier 1922. Durant deux ans et demi, j’appris à mieux connaître les religieuses et je décidai de me donner entièrement au service du bon Dieu dans la vie religieuse par le biais de l’enseignement.

J’enseignai au couvent de Danville durant six mois, de janvier à juin 1925. Puis j’enseignai à Tingwick un an dans l’école alors située entre Tingwick et Warwick, proche la demeure de mon oncle Joseph McNeil, le frère de maman. L’année suivante, j’obtins facilement le poste à l’école du chemin Craig, située sur notre terre familiale. Maman y tenait à cause de ma santé un peu fragile. Je me souviens encore des bons dîners chauds qu’elle m’envoyait porter à l’école où quelques élèves prenaient eux-mêmes leur dîner.

Puis en septembre 1927, je sollicitai le poste d’institutrice a l’école du village. Mon but: c’était clair, je désirais pouvoir participer à la messe quotidienne. C’était toujours l’appel du Seigneur qui me sollicitait.
 


 

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 J’aime rappeler ici combien l’atmosphère chrétien de ma famille a certainement favorisé mes désirs de mieux connaître, de mieux aimer et de mieux servir le bon Dieu. Le chapelet se disait en famille le soir après le souper; il était suivi de la prière du soir. Nous avions l’avantage de faire nos neuf premiers vendredis du mois, cela voulait dire un premier voyage en voiture à cheval la veille pour la confession dans l’après-midi et un second voyage le lendemain matin pour la messe et la communion. Après plus de soixante ans, me reviennent facilement à l’esprit ces paroles de papa devant nos petits jugements sur les autres: “Quand on ne peut pas dire du bien des autres, on n’en parle pas.” Et ces autres paroles de maman:: “Peux-tu vraiment savoir ce qui se passe dans la tête des autres pour avancer ce que tu viens de dire?” Voila, c‘était ce qu il fallait pour nous garder dans l’amour. Chers et bons papa et maman, que de bons exemples vous nous avez donnés! Aidez-nous encore a mieux aimer et a mieux servir.

En août 1928, je réalisais ce rêve caressé depuis longtemps: Entrer a la Congrégation de Notre-Dame pour y vivre comme religieuse. Ici, en page suivante j’inclus l’autobiographie que chaque novice devait remettre à la fin de son noviciat. Vous y verrez mon écriture de ce temps de même que mes idées à ce temps fort de ma vie. Le jour de ma profession religieuse ou je fis les voeux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance... Quel beau jour! C’était le 26 août 1930.

Dès le lendemain de ma profession, je fus envoyée, pour l’enseignement à l’École Saint-Georges, devenue depuis École Sainte-Marie, paroisse Saint-Bernard dans l’est de Montréal. J’y demeurai jusqu’en janvier 1948. Puis on m’employa à l’École d’Application de l’École Normale près de la Maison mère, rue Sherbrooke. Après deux ans et demi, je fus nommée à l’imprimerie de notre Communauté, Maison mère. J’y suis demeurée jusqu’en août 1972. A cette date, un nouveau champ d’action fut le mien pour un autre deux ans et demi. Dans la région de Joliette, plus exactement à Saint-Ambroise de Kildare, j’eus à me dévouer auprès de soeurs en convalescence ou en vacances. C’est là que j’essayai de développer des talents de maîtresse de maison. A cet endroit, je demeurai jusqu’en janvier 1975.

La maladie me ramena a l’infirmerie de la Maison mère et ce ne fut qu’en septembre suivant - après huit mois de maladie et de repos -  que je reçus une nomination pour la comptabilité à la pharmacie de l’Infirmerie. Puis ce fut des services au téléphone, ensuite au parloir. Entre temps, je m'initiais à la reliure, suite normale de mes 22 ans à l’imprimerie.

C’est dans ces emplois au parloir et à la reliure que je vécus l’exode de notre dé­ménagement de la rue Sherbrooke à la rue Westmount, C‘était en juillet 1985. Depuis
 


 

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 durant presque dix ans, je travaillais a la reliure mais aussi j’ajoutai la correspondance avec plusieurs de nos maisons. Il s’agissait d’un Courrier qui donnait des nouvelles de la Maison mère. J’ai écrit 122 lettres - d’environ 4 pages 8½ x 11 au dactylo à un rythme d’une lettre par mois. J’aimais beaucoup ce travail qui me met­tait en communication pour ainsi dire avec nos maisons de tous les continents ou peu s’en faut. A ce travail, j’ avais aussi l’occasion de me dévouer pour le commun des mortels et je m’explique: Presque chaque midi, j’ avais la bonne fortune de me dé­vouer pour remettre en place les ustensiles du repas, environ 600 à  1000 morceaux - couteaux, fourchettes et cuillères et... j’aimais cela.

Un certain premier juin 1994, ce fut le signe d’un changement d’adresse. L’arthrose faisant des siennes, je dus être hospitalisée et le 24 juin suivant, je partais en retraitée vers notre séniorat de la Pointe-aux-Trembles. C’est de là qu'aujourd’hui 18 mars 1995, je rédige ces quelques souvenirs. Depuis c’est encore la vie religieuse mais dans un abandon et une sérénité qui me gardent dans la reconnaissance. Quelle chance de vivre dans une maison où réside le jour et la nuit notre cher bon Dieu au Saint Sacrement! Bien sûr, cela est vrai pour tout le monde puisque DIEU EST PARTOUT comme nous le disait si bien notre petit catéchisme du Québec au numéro 12.

Voilà, il est temps de m’arrêter à ressasser ces souvenirs. Je pars réciter le chapelet avec mes compagnes, à la chapelle. C’est ce que nous faisons chaque jour a deux heures et demie de l’après-midi. Les intentions de toutes les personnes qui passent dans nos vies, nos parents et les autres qui se recommandent à nos prières, puis les intentions de la Sainte Vierge, notre si bonne Maman du ciel qui sait encore mieux que nous ce qu'il nous faut.

Evéline Gagnon, C.N.D.

Pointe-aux-Trembles.
 

18 mars 1995.
 


 

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             3702 -  Soeur Saint-Irénée-Marie
            Marie-Jeanne, Rose, Evéline Gagnon

            Entrée   17 août 1928
            Veni Creator  19 août 1928
            Vêture   21 février 1929
            Profession  26 août 1930
 

            Je suis la dixième enfant d'une famille de seize. Née à Tingwick le 14 juillet 1907, je fus baptisée le lendemain par M. le curé Jutras; mon parrain, un cousin, Raymond Bouffard et ma marraine, ma sœur aînée, Ida Gagnon.

            Mes parents, Irénée Gagnon et Alphonsine Mc Neil, quoique de condition modeste, voulurent demeurer à la campagne et se firent un devoir de bien élever leur famille: l'obéissance et le respect étaient en honneur chez-nous et de bonne heure, on nous apprenait à nous rendre utiles et à nous associer aux différents travaux de la ferme.

            Ce fut ma marraine qui me prépara à ma première communion que je fis en décembre 1914. Le sacrement de confirmation me fut conféré par Mgr J. L. H. Bruneault le 15 juin 1916. Vers cette époque, je faisais mes délices du calme et de la solitude; mon plus grand plaisir était de faire la classe, même si j'en étais réduite à me contenter d'objets inanimés pour élèves. Jusqu'à l'âge de treize ans je fréquentai la petite école. Nature plutôt timide et craintive, je n'osais me confier à personne, alors la Vierge Marie
 


 

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 sembla se charger du soin de mon avenir. Mes parents m'envoyèrent pensionnaire chez les Religieuses de la C.N.D. à Danville. J'y demeurai près de quatre ans, c'est là que j'acceptai ma vie de future missionnaire de Marie.

            Le 8 décembre 1921 je fus admise au nombre des enfants de Marie, c'est le plus beau de mes souvenirs d'écolière. Ce jour-là, la Vierge bénie dut sourire à mon désir de vivre toujours sous son égide, car depuis lors ce fut mon seul idéal.

            Mes études terminées, de gros nuages menaçaient le ciel de mon horizon; mes parents renvoyaient à plus tard la réalisation de mon rêve d'avenir, de plus, j'étais atteinte du goitre que je savais être un empêchement à mon entrée en religion. Je demeurai un an dans ma famille où je dus passer de longs jours au chevet d'une petite sœur malade et la préparer à son départ pour le ciel. J'enseignai ensuite trois ans. Tout en prenant contact avec les petites âmes, je me préparais à la vie religieuse car j'espérais contre toute espérance. Au cours de l'hiver 1928, pleine de confiance en la Vénérable Mère Bourgeoys, je lui confiai à nouveau le soin de ma vocation en lui recommandant de presser toutes choses pour le mois d'août. Cette bonne Mère daigna enfin réaliser mes désirs, durant les vacances, le médecin constatait la disparition de toute excroissance de gorge et mes parents me laissaient libre.

            Maintenant, je touche au terme de mon noviciat et mes vœux sont sur le point de se réaliser. Vers Marie, Reine de cœurs et vers Mère Bourgeoys va toute ma reconnaissance. Daignez ô Mères bien-aimées continuer votre oeuvre et donner à votre enfant une âme forte et vaillante pour la sublime mission à elle bientôt confiée, "d'aller recueillir les gouttes du Sang de Jésus qui se perdent par l'ignorance des peuples".
 


 

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RECIT DE DEUX GUERISONS

PAR L’INTERCESSION DE SAINTE MARGUERITE BOURGEOYS



Révérende Soeur Saint-Damase-de-Rome
Directrice du Bureau Marguerite-Bourgeoys.
 

        Chère Soeur,

        Pour la gloire du bon Dieu et en hommage de filiale reconnaissance à notre Bienheureuse Mère Bourgeoys (1), je fais ici le récit d’une faveur obtenue il y aura bientôt vingt-cinq ans.

        Mes études terminées, j’enseignai quatre ans durant lesquels je songeais sérieusement à embrasser la vie religieuse dans la Congrégation de Notre-Dame. Cependant à cause d’un goitre extérieur très prononcé dont j’étais affligée, je croyais devoir chercher ailleurs la voie tracée par la volonté du Bon Dieu.

        Auparavant, nous étions alors en février 1928, sur le conseil d’une religieuse de la Congrégation de Notre-Dame, je fis une neuvaine à Mère Bourgeoys, une seule, lui disant: “Ma bonne Mère, je vous donne jusqu’au mois de juillet pour me guérir, si c’est la volonté du Bon Dieu que j’entre à la Congrégation de Notre-Dame; sinon, je chercherai ailleurs mais alors seulement, pas avant.” La neuvaine terminée, j’attendis tout simplement la manifestation de la Volonté
divine.

        Or, au début d’avril, c’était un dimanche matin, faisant comme d’habitude la toilette des miroirs du poêle, je remarquai, avec combien d’émotion et de joie, la disparition complète de mon goitre. Ma première pensée fut celle-ci: “Mère Bourgeoys m’a guérie, j’entre à la Congrégation.”

        Ce goitre avait été constaté par deux médecins, chez qui Soeur Supérieure Saint-François-Solano m’avait elle-même conduite alors que j'enseignais au couvent de Danville où elle était supérieure: les docteurs Letendre de Danville et Bégin de Sherbrooke. L’absence complète de goitre chez moi fut constatée et certifiée aussi quelques jours avant mon entrée au postulat en août 1928 par le docteur René Hébert de Montréal. Je vis aussi un autre médecin à ce sujet durant mon noviciat, le spécialiste Saint-Denis qui lui aussi donna le même diagnostic.

        Je garde l’intime conviction que notre Bienheureuse Mère Bourgeoys m’a elle-même obtenu ma guérison à l’heure voulue par le Bon Dieu pour sa plus grande gloire. Maintes fois depuis, notre céleste Protectrice fut secourable soit à ma famille, soit aux familles de mes élèves. C’est à l’occasion de l’une de ces faveurs toute récente obtenue dans ma famille que je me décide d’écrire le récit de ma propre guérison du goitre.

        (1) En 1928, Marguerite Bourgeoys n'était que Vénérable. Elle sera déclarée Bienheureuse en 1950 et canonisée en 1982 par le Pape Jean-Paul II.
 


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VOICI CETTE GUERISON:
 

        En septembre 1951, un jeune neveu, Gaston Gagnon, 10 ans, dut quitter la classe pour infection de la peau. Les remèdes n’apportaient aucun soulagement. L’enfant dépérissait et la maladie prenant des proportions alarmantes, on dut hospitaliser le petit malade vers la fin de décembre.

Je le visitai, lui appris une prière à Mère Bourgeoys et je lui remis une relique. A la visite suivante, il se hâta de me répéter la prière, m’assura qu’il la récitait neuf fois par jour mais me dit aussi qu’il ne portait pas la relique; il avait trop peur de se la faire enlever par les garde-malades. Le cher enfant, orphelin de mère depuis avril 1950, cachait son trésor. Notre Bienheureuse Mère comprit magnifiquement son protégé et elle se montra une fois de plus la mère des orphelins. Le mercredi, 16 janvier 1951, je me permis de téléphonai au médecin. Il n’avait pas encore diagnostiqué le genre de maladie; il en était encore à l’essai de différents remèdes et surtout il n’avait aucune intention de laisser sortir son jeune patient de l’hôpital. Quittant le téléphone, je dis devant une compagne: “Chère Mère Bourgeoys, si vous désirez que j'écrive ma guérison (du goitre), faites que Gaston sorte de l’hôpital vendredi”. Or le vendredi, deux jours plus tard, le même médecin dit au père de l’enfant: “Demain, venez le chercher”. Le lendemain, 19 janvier, jour de la fête liturgique de notre Bienheureuse Mère, ce même médecin ajoutait: “Je ne sais pas pourquoi je vous ai dit cela hier, je voulais le garder encore au moins deux semaines”. L’enfant sortit de l’hôpital muni de remèdes et de conseils surtout celui d’avoir à se présenter à l’hôpital une fois la semaine et cet autre de demeurer au repos longtemps encore. L’heureux  petit garçon, bien conscient d’être guéri par Mère Bourgeoys, fit une seule visite à l’hôpital et reprit ses classes peu de jours après son retour à la maison. Ses plaies s'étaient cicatrisées et il avait recouvré ses forces d’une façon tout à fait étonnante. Dès le mois suivant il réussit très bien ses examens et nulle trace d’infection n’est réapparue.

        Aux dernières nouvelles reçues ces jours derniers, il est toujours en excellente santé. Mère Bourgeoys continue de veiller sur ses orphelins.

        Louange, amour et reconnaissance à notre chère Bienheureuse!

Soeur Saint-Irénée-Marie, c.n.d.

Maison mère, 8 décembre 1952.
 


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UN GAGNON, MIRACULE DE SAINTE ANNE, à Beaupré.


Le fait suivant a été raconté par l’auteur lui-même miraculé de sainte Anne, le fils de Pierre. Il raconte le fait quelques années plus tard alors qu’il est devenu prêtre, le troisième canadien à devenir prêtre.

        “J’ai été malade, dit l’abbé Pierre-Paul, du flux de sang à l’âge de quinze ans et demi en 1664, et ce fut en la semaine sainte que ce mal me prit; on se servit de tout ce que l’on put s’aviser pour me guérir mais inutilement jusqu’à
ce que par votre sollicitation Monsieur... (il s’agit de M. Morel qui rédigea ce récit sous sa dictée, en 1687), j’allai faire une neuvaine à Sainte-Anne, d’où je revins en meilleure santé et ne tardai pas à être entièrement guéri du mal que j’avais depuis trois mois; mais environ la mi-novembre suivant, pour ne m’être pas conservé et avoir pris des choses tout à fait contraires à ce mal, je retombai et fus réduit à une telle extrémité, à la fin de l’hiver, que ceux qui me voyaient
disaient que je mourrais au printemps et ce, nonobstant les bons soins qu’on avait de moi; néanmoins au printemps, la vigueur me revint un peu en sorte que, l’été étant venu, j’eus la force d’aller recommencer une autre neuvaine à la susdite église de Sainte-Anne. Quoique je fusse extrêmement travaillé par le mal qui ne m’avait pas quitté, et que pendant toute la neuvaine je ne reçus aucun soulagement et qu’au contraire le dernier jour je fus extraordinairement malade, je fis une confession générale et mis toute ma confiance au pouvoir de la glorieuse Sainte Anne, parce qu’auparavant j’avais cru que les remèdes naturels ne pouvaient donner du soulagement. Dieu, ce semble, me voulut faire expérimenter par le redoublement de mon mal. À la fin de la neuvaine j’entendis la sainte Messe et je
communiai; Plusieurs personnes ayant assisté, et deux petits frères, que j’avais, prièrent pour moi. Je ne sentis depuis cette heure-là aucune atteinte de ce mal et fus parfaitement guéri et recommençai mes études que j’avais été obligé de
quitter. Je redis ceci 19 ans après la chose arrivée. Voilà, Monsieur, à peu près les choses telles comme elles se sont passées et comme je les crois devant Dieu, et pour l’honneur de sainte Anne.”


Notes sur ce même Pierre-Paul Gagnon. Il fut l’un des premiers élèves au petit séminaire de Québec. Il fut ordonné prêtre le 21 décembre 1677. Tout d’abord missionnaire sur la Côte Nord, puis desservant à Charlesbourg en 1684, il vint ensuite exercer son ministère à Sainte-Anne de Beaupré. Il devint secrétaire de Mgr de Saint-Vallier en 1686 puis, quelque temps après, premier curé résident de la Baie-Saint-Paul où il demeura jusqu’en 1702, et desservant de la Petite-Rivière-Saint-François, dont il fit construire l’église, à ses frais, avec la part de son héritage. L’abbé Pierre-Paul se noya à 61 ans et 7 mois, soit le 6 avril 1711. Il fut inhumé le 16 mai suivant dans la chapelle de Sainte-Anne-de-Beaupré.
 


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COMMENT NOS MERES FABRIQUAIENT LEURS SAVONS

Voici une bonne recette pour faire ce que l’on appelle "savon du pays".

20 livres de matières grasses
4 livres de résine
4 livres de résine caustique.

Chez nous on obtenait la lessive avec les cendres du bois de
chauffage sur lesquelles on mettait de l’eau; après quelques
jours, c’était devenu ce qu’on appelait caustique.
4 chaudiérées d’eau de 20 livres chacune.
2 à 3 livres de gros sel.
 

Façon de procéder:

Mettre l’eau dans un chaudron de fer (c'était le grand chaudron de fer installé dehors dans la cour), Faire chauffer cette eau; ajouter les matières grasses (ces matières grasses, c’était des restes de viande ou de suif d’un animal abattu). Faire bouillir jusqu'à ce que le mélange fasse des fils en soulevant la palette, puis ajouter lentement du sel (environ 2 livres). En mettant le sel, le mélange caille, alors brasser lentement et parfaitement et laisser bouillir. La lessive vient alors sur la surface et fait des petites bulles granulées; ajouter encore peu peu quelques poignées de sel, brasser et laisser cuire jusqu'à ce que la lessive se répande claire sur toute la surface du savon;   il est alors cuit à point. Retirer immédiatement du feu et laisser refroidir. Le savon monte à la surface et une quantité de potasse repose au fond du chaudron.

        Le savon doré, bien refroidi est taillé ensuite sur une planche en morceaux selon nos préférences. On le laisse durcir aux rayons du soleil. On utilisait la potasse (résidu au fond du chaudron) pour laver les planchers de bois mou. Mais attention aux mains et aux enfants car c’est un liquide très fort.

AINSI FAISAIENT NOS MERES CANADIENNES.

La dernière fois que j’ai vu fabriquer ce savon du pays, c‘était chez ma soeur Ida à Central Falls, dans cette même maison tout près de l’église, où elle vécut pas moins de 50 ans. J’étais allée prendre des vacances chez elle alors que son mari venait de décéder. C’était en février 1973. Un jour, elle me descendit à la cave pour me montrer sa brassée de savon du pays. Merveille, en petit dans un chaudron plus petit, elle avait réussi les plus beaux savons dorés. Pour
elle, c’était la joie du retour au passé car bien sûr, ce ne lui était plus une urgence.

Chère Ida, comme elle nous a aimés! la joie de nous recevoir chez elle. Pour ma part, je lui dois une bonne “chandelle” puisqu’elle s'ingénia à payer mon pensionnat durant mes études. Elle était ma marraine et elle s’en rappelait. Peu après ce voyage dont je viens de parler elle nous quittait pour de bon, c’était le 16 décembre 1973. Nous nous reverrons un jour avec nos bien-aimés parents, frères et autres soeurs.
 


 

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     Soeur Evéline Gagnon rédige ses mémoires.

 

Mes chers parents,
 

Vous tous à qui ces pages sont destinées, j'espère vous avoir intéressés. À votre tour maintenant d'enrichir vos archives de famille avec vos propres souvenirs. Permettez que je vous donne rendez-vous en ce beau domaine de la Pointe-aux-Trembles où je vis présentement.

Mais, surtout, soyons tous au GRAND RENDEZ-VOUS de notre Père des cieux, où déjà beaucoup des nôtres nous attendent.

Mon affection et ma prière.

Pâques 1995.