Item, une perche et demie de terre joignant le jardin de la maison de Valentin Martheau. A la charge de payer les rentes à qui dues sont par moitié et leur portion de poule par chacun an. Tous lesdits héritages situés en la paroisse de Tourouvre à l'ancienne et petite mesure avant l'homologation des coutumes. S'il se trouvent d'autres héritages, les frères se les départiront chacun aura les fruits de ses arbres où ils tomberont et chacun paiera par moitié les frais et vacations, soient 40 solz avant la choisie. Le second lot appartiendra à Olivier Gaignon -- résumé: un cellier, une grange, la moitié de l'étable, un apprenti et généralement la moitié de toutes les pièces de terre dont son frère Pierre Gaignon a eu une moitié.
        Témoins: Messire François Chouaiseau prêtre et Nicolas Creste demeurant au lieu de la Garenne en la paroisse de Tourouvre. Les parties et led. Creste n'ont pas signé. Ledit Chouaiseau témoin a signé en la minute de ces présents passées en la maison du juré à Tourouvre. Signé Chouaiseau."
        Cette description complète d'un inventaire est la seule dans ce livre. Elle donne une bonne idée de ce qui se passe lors d'une succession. D'autres inventaires se sont produits dans les générations suivantes. On n'y fera qu'une description de leurs biens.

TOUROUVRE ET LA FRANCE AU XVIe SIECLE

        Au moyen âge, le canton de Tourouvre était gouverné par les seigneurs de la famille Tourneboeuf. Le dernier seigneur de cette dynastie n'avait qu'une fille comme héritière. Michelle Tourneboeuf épousa Pierre de la Vove en 1456. Ce dernier devint ainsi le nouveau seigneur de Tourouvre. Les descendants de la famille de la Vove dirigèrent ce canton jusqu'en 1759.
        A Tourouvre, il y avait des institutions à caractère religieux. On y comptait 2 confréries. La confrérie de la Charité, érigée en 1534 voyait à l'ensevelissement des morts en faisant des criées publiques. La confrérie du saint rosaire invitait ses membres à méditer sur les mystères de la religion chrétienne. Elle voyait aussi à l'embellissement des églises. La dîme de Saint-Aubin était un événement public qui se tenait le jour de la Pentecôte et le dernier dimanche de juin. A la Pentecôte, on distribuait des aumônes aux pauvres de la région. Au dernier dimanche de juin, on faisait une mise aux enchères pour l'église. Saint Aubin est le patron de la paroisse, soit St-Aubin de Tourouvre. L'église actuelle fut construite au 12e siècle. Les vitraux et les stalles furent posés au 16e siècle.
        Les conditions de vie étaient généralement plus difficiles dans le Perche qu'ailleurs en France. Les montagnes environnantes rendaient le climat plus froid et la culture de la terre en était plus difficile. Plusieurs laboureurs de la région de Tourouvre étaient endettés. La famille Tremblay de Randonnai aurait été les créanciers de nombreuses terres. Leur domaine s'est largement agrandi à la fin du 16e siècle. Ceux-ci possédaient une forge avec un moulin à eau à Randonnai. Un membre de cette famille, Pierre Tremblay qui connaissait bien les Gaignon devait plus tard émigrer au Canada.
        Cette période est relativement troublée en France comme le fut bien d'autres. Elle correspond à la montée du protestantisme sous l'influence