Malgré le fait que ni Pierre et ni Vincente ne savaient écrire, ils ont tout de même envoyé plusieurs de leurs enfants à l'école. Leur fils Pierre est le seul à ne pas signer. La majorité de leurs concitoyens étaient analphabètes.
        Parmi les frères Gagnon, Mathurin est celui qui fait figure de chef de clan. Il est le seul des trois à savoir écrire. C'est un commerçant et aussi un habitant. Les trois frères furent membres de la Communauté des habitants. Cette compagnie avait pour but de favoriser la colonisation et de faire la traite des fourrures. Elle devait cesser ses activités en même temps que la compagnie des Cent-Associés soit en 1663. En 1642, Mathurin retourna en France pour régler des affaires de famille et de négoce. Il a probablement ramené sa mère Renée Roger au Canada au cours de ce voyage. Les frères Gagnon restèrent associés pour les affaires commerciales. Les actes notariés de l'époque portent en signature "Sieur Mathurin, Jehan et Pierre Gagnon".
        Le 11 octobre 1647, Mathurin et Pierre Gaignon firent une convention avec Olivier Le Tardif et Marguerite Nicole. Le père de celle-ci était décédé. Les frères Gaignon lui devait la somme de 583 livres. Cette somme fut payée le 26 juillet 1656.
        Le 14 août 1651, le gouverneur Dailleboust concéda aux frères Gagnon et à Macé Gravel un terrain sur la basse ville de Québec. Les frères Gagnon bâtirent un magasin au même endroit près du magasin de la Communauté des habitants. Dans ce magasin, on vendait des produits importés de France. Ce site est aujourd'hui voisin de l'église de Notre-Dame-des-Victoires sur la rue St-Pierre.
        Les frères Gagnon et leur neveu Macé Gravel habitaient la même maison mais dans des appartements différents. Le 6 octobre 1653, les frères Pierre, Jean et Mathurin Gaignon et Macé Gravel dit Brindilière firent un bail au marchand Jean Garos de la Rochelle de leur magasin et de leur maison situés dans le port de Québec. Ce bail était évalué à 180 livres tournois par année. La somme de 90 livres tournois fut versée par Jean Garos pour une période de 6 mois. Le bail pouvait être renouvelé au 6 mois moyennant ce paiement. Cette même journée, ils ont conclu un marché avec Michel Bourdet et Pierre Biron. Ceux-ci étaient menuisiers de la Nouvelle-France. Ils devaient être des engagés venus au Canada pour une certaine période. Ils seraient par la suite retournés en France puisqu'ils n'ont pas laissé de postérité au Canada. Ils eurent à faire plusieurs rénovations dans le magasin. Ils durent refaire le plancher du haut, blanchir la maison et faire une cloison qui irait jusqu'à une poutre près de la cheminée. Les frères Gaignon et Macé Gravel fournirent les planches et les clous. Ils payèrent 135 livres pour ces travaux.
                Les frères Gaignon ont défriché leur terre à Château Richer. Ils passaient l'été sur leur ferme et ils revenaient faire du commerce à Québec durant l'hiver. Comme en tout temps, il fallait aussi payer des taxes. Le 14 janvier 1668, Pierre en son nom et au nom de ses 2 frères envoya son fils Joseph, âgé de seize ans, devant le procureur fiscal afin de payer les taxes de leur magasin. Pierre a loué sa maison à Alexandre Turpin pour 40 livres le 27 septembre 1668. Elle consistait alors en une cave, une cuisine et un grenier. Chacun a vendu sa propriété de Québec pour s'établir définitivement à Château-Richer. Mathurin et Jean ont vendu leur part à Pierre Pellerin en 1668. Pierre Gaignon a vendu la sienne le 12 août 1673 au marchand Michel Lecourt au prix de 600 livres tournois.