Cette terre était en bois seulement. Joseph Durand laissa à Claude Babin 2 arpents et demi de terre avec les bâtiments situés entre Jean Durand au nord-est et Joseph Gagnon au sud-ouest. Il s'agissait de sa terre principale. Joseph loua aussi 16 perches de terrain à Claude Babin pour une période de 2 ans. Joseph s'engagea à livrer les planches et madriers nécessaires pour la construction d'une maison sur son ancienne terre. Il fournira aussi le charpentier et le maçon pour la période de construction. A partir de ce jour, Joseph Durand et Marie-Joseph Pelletier habitèrent à St-Roch des Aulnaies. Il est probable qu'une grande partie des frères et soeurs de Marie-Joseph Pelletier habitaient à St-Roch des Aulnaies. Plusieurs d'entre eux s'y sont mariés. Cette terre devait être rattachée à la paroisse de Ste-Anne de la Pocatière. Ils ont toujours eu comme voisin au nord-est Joseph Lafrance. Dans tous les documents subséquents, on mentionne qu’ils habitaient Ste-Anne.
        Le 15 novembre 1773,la famille Pelletier eut à régler la succession de leurs parents soit Joseph Pelletier et Ursule St-Pierre. Joseph Durand et son beau-frère Louis Roy reçurent de Pierre Pelletier ce qui leur revenait de la succession des parents de Marie-Joseph Pelletier.
        Le 6 octobre 1783, Joseph Durand acheta de Jean Brillant une terre à St-Louis du Kamouraska. Cette terre était située au troisième rang de Kamouraska. Elle avait 3 arpents de front sur le deuxième rang. Elle avait en profondeur 40 arpents. Cette terre était bornée au nord-est par Marie Brillant et au sud-ouest par Philippe Voisin. Les rentes seigneuriales étaient payées jusqu’en 1785 à la seigneuresse de Kamouraska soit madame Ducharnay. Le prix du terrain fut de 36 piastres.
        Le 29 septembre 1787, Joseph Durand et Marie-Joseph Pelletier firent la donation de leurs biens à leur fils Joseph-Marie Durand. Celui-ci était sur le point de se marier. Ils le firent aussi étant donné leur âge avancé et leurs infirmités. Cette donation comprenait leur terre au premier rang de la paroisse de Ste-Anne. Cette terre avait un arpent et demi de front au fleuve St-Laurent. Il y avait dessus la maison et les bâtiments, des terres en culture, des animaux de différentes espèces dont la volaille. Le chemin du roi passait au devant de leur terre. Elle était bornée au sud-ouest par la terre de Raphael Martin et de Jean Ouellet et au nord-est par celle de Joseph Lafrance.
        En retour de cette donation, Joseph-Marie Durand devra remplir certaines obligations envers ses parents. Il devra les nourrir, les entretenir, les loger, les chauffer autant en hiver qu’en été. Une certaine quantité de nourriture leur sera fournie annuellement. Ils auront droit à quatorze minots de blé provenant de la terre. Le tout sera réduit en farine et apporté dans son grenier. Ils auront un minot de pois cuisant pour la soupe, un cochon gras pesant au moins 150 livres, un mouton vif de 2 ou 3 ans et un quartier de boeuf. Ils se réservent le droit de faire pacager le cochon et une vache à lait sur la terre de leur fils. Ces animaux seront renouvelés au besoin. Le veau provenant de la vache appartiendra aussi à Joseph Durand. Ils auront aussi comme nourriture des choux et des oignons. Ils auront à leur disposition du fil, une demi livre de poivre, 6 pots d’eau-de-vie, 10 livres de tabac à fumer pour le père, 6 livres de beurre. Ils auront du poisson durant le carême.
        Marie-Joseph Pelletier désira du papier d’épingle (?), un mouchoir de coton, une paire de soulier d’Europe, une paire de soulier sauvage en boeuf ou en vache tannée. Joseph Durand demanda 2 paires de souliers sauvages en boeuf tanné, une paire de soulier d’Europe à tous les 2 ans, un bonnet drapé à tous les 2 ans et un fichu de soie.
        Pour les jours de fête et les dimanches, Joseph Durand aura un habit fait en drap et une chemise fine. Marie-Joseph Pelletier aura un jupon et un mantelet fait en “judienne”
ou en coton de son choix et un mouchoir à son goût à tous les 2 ans. Elle aura comme tissu une demi verge de judienne”, une demi verge de mousseline à tous les 2 ans.
Le père aura aussi une bougrine doublée avec les fournitures en étoffe du pays à tous les 2 ans, une paire de culottes en étoffe du pays à tous les ans, une paire de bas et une paire de chausson à chausser en laine une fois par année, une paire de mitaine de cuir à tous les ans, une paire de mitaine en étoffe du pays.
La mère aura un manteau jupe avec les poches en étoffe du pays à tous les 2 ans, 8 autres toiles du pays par année, une paire de gant chamois à tous les 4 ans.
Les vêtements seront nettoyés, blanchis, et raccommodés au besoin. Pour la chambre à coucher, les draps seront changés à tous les mois. La courtepointe, les couvertures de laine, les toiles, la paillasse et la nappe seront renouvelées au besoin.
Durant leur maladie, leur fils les fera soigner. Ils auront à leur disposition du vin. Leur fils paiera pour faire venir le chirurgien. Lorsqu’ils seront dans le grand besoin, ils se réserveront le tiers de l’huile provenant de la pêche à marsoin.
Cela amène à traiter d’une activité répandue sur le fleuve St-Laurent. A certaines périodes de l’année, des marsoins se retrouvaient près de la ferme de Joseph Durand. Ces mammifères cétacés étaient pêchés dans le but d’en extraire l’huile pour l’éclairage. Les Durand prenaient des marsoins lorsqu’ils s’en présentaient.
Joseph Durand et Marie-Joseph Pelletier se réservent également la moitié du jardin potager. L’entretien de la clôture et le fumier à apporter comme engrais seront la responsabilité de Joseph-Marie Durand.
Il se réserva aussi un cheval pour le transport en voiture. Le cheval pourra être attelé au besoin à leur porte. Leur fils s’occupera de le faire pacager et hiverner.
Joseph Durand avait beaucoup de volaille. Il se réserva la moitié des revenus provenant des volailles de toute nature. Les plumes serviront à faire les lits des enfants restants à la maison (Marie-Madeleine, Louise et Basile). Après leur départ, les profits des surplus de volaille et des plumes seront également partagés.
Dans la maison, ils se réservèrent leur chambre. Ils gardèrent à leur disposition la table, la huche, 6 chaises, une marmite avec sa cuillère, une lampe, 6 fourchettes, 6 cuillères et la vaisselle au besoin. Le bois de poêle sera porté à leur chambre.
Joseph-Marie Durand verra à les faire enterrer après leur décès. Ils auront chacun un service le jour de leur enterrement et une basse messe de requiem pour le repos de leur âme.
Marie-Madeleine et Louise Durand auront droit chacun le jour de leur mariage à une taure de 2 ans et 2 moutons, un rouet et un lit tel qu’il se retrouvera. Cependant, Louise Durand n’avait pas encore son propre lit. Elle fera le sien comme celui de sa soeur Madeleine. Chacun aura son coffre à linge avec en plus 2 nappes. Ils recevront chacun la somme de 100 francs ou 100 livres. Cependant, Madeleine n’a pas de date de mariage connue. Le registre est peut être perdu ou encore elle est restée célibataire.
Angélique Durand qui était déjà mariée avec Louis Dostous recevra aussi 100 francs. Basile Durand aura aussi cette somme lors de son mariage ou lors de son âge de majorité (21 ans). Une autre personne semble vivre chez Joseph Durand. Son nom est François Benoit. Il est possible qu’il ait été adopté par la famille. Il aura droit aux mêmes faveurs.
François Benoit et Basile Durand auront aussi une taure de 2 ans, 2 moutons, un cheval, un lit tel qu’il est et leur coffre avec harde et linge. Ils reçurent aussi la terre de leur père sise à Kamouraska dans le troisième rang. Ils prendront chacun un arpent et demi de terrain de front sur cette terre de 3 arpents. Cette terre avait 40 arpents de profondeur et était en bois debout. A partir de ce moment, ils payèrent les rentes seigneuriales de cette propriété. Ils restaient libres de continuer de rester dans la maison de leurs parents.
Le contrat de mariage de Joseph-Marie Durand fut rédigé le 13 octobre 1787. On reconfirma la donation de ses parents qui l’avantageait. Le mariage eut lieu le 15 octobre. Les demi frères Gagnon furent présents à cette occasion.
Louise Durand et son époux Jean-Baptiste Dionne reçurent leur part d’héritage de Joseph-Marie Durand le 27 septembre 1796.

Malgré la distance qui pouvait séparer Ste-Anne de la Pocatière avec St-Jean Port Joli, ils ont gardé de bons contacts avec leur fils Charles-François Gagnon. Ils furent présents aux noces de leur petit-fils Charles Gagnon en 1794.
        Joseph Durand est décédé le 30 juillet 1804 à l'âge de 71 ans. Il fut muni des saints sacrements. Il fut inhumé le 31 juillet 1804. Marie-Joseph Pelletier est décédée le 3 décembre 1804 à l'âge de 74 ans. Elle reçut les saints sacrements. Elle fut inhumée le 4 décembre 1804.
        Le partage de leurs biens se fit l'année suivante. Le 26 août 1805, leur fils Joseph rencontra Angélique Durand et son époux Louis Dostous pour leur remettre comme héritage 18 piastres d'Espagne, un poulain de trois mois et du bois de pin pour faire 5 châssis.
       
LA REVOLUTION AMERICAINE

        Après la guerre de sept ans, le gouvernement anglais créa de nouvelles taxes dans ses colonies américaines dans le but de renflouer les dépenses de ce conflit. L'insatisfaction fut générale et elle conduisit à la rébellion. Pour éviter que les canadiens français soient attirés par la rébellion, le gouverneur Guy Carleton fit passer l'acte de Québec en 1774. Cet acte donnait plus de pouvoir aux canadiens. Cela déplut aux insurgés mais ils invitèrent quand même les canadiens à se joindre à eux. On vit alors dans les villages des émissaires qui tentèrent de faire de la propagande. Plusieurs canadiens firent un choix entre la loyauté envers l'Angleterre et les sympathies avec les rebelles américains. Mgr Briand de Québec incita fortement les canadiens à rester loyaux.
                Les insurgés américains envahirent le Canada français en 1775. Ils s'emparèrent de Montréal et de Trois-Rivières. Ils tinrent un siège devant la ville de Québec. Plusieurs canadiens prirent partie pour les anglais royalistes ou pour les rebelles américains. Le seigneur de l'île aux Grues, monsieur Beaujeu avec l'aide du seigneur de St-Jean Port Joli, Ignace Aubert de Gaspé, organisèrent une milice royaliste pour secourir la ville de Québec. Pourtant ces deux seigneurs avaient lutté contre les