avait 20 ans. Il devait voir à faire ratifier cet accord à ses frères lorsqu'ils seraient majeur à leur tour. Il avait aussi la charge de partager avec eux les revenus de cette vente.
        Ce cousin Joseph Gagnon qui était le fils de son oncle Joseph a dû jouer un rôle important auprès de Charles-François. Tous les deux ont habité dans la grande maison de leur grand-père Alexandre lorsqu'ils étaient jeunes. Ils se connaissaient comme s'ils avaient été des frères. Après le décès d'Alexandre et de leur père respectif, Joseph Gagnon devint le principal homme de la maison. Etant adolescent durant cette période, il devait par la force des événements être très utile à la famille Gagnon. Son soutien devait être important face à la situation précaire de la famille pendant la guerre qui devait mener à la conquête anglaise du pays. Après la guerre, il s'établit à St-Jean Port Joli où il épousa Madeleine Miville. Celle-ci était la soeur de Marie-Anne Miville. Charles-François Gagnon pourrait avoir connu sa future épouse par l'entremise de son cousin. Un dernier détail sur Joseph; au recensement de 1762, il avait une terre de 3/4 arpent de front, 2 arpents en semence, 2 moutons, un cheval et un cochon.
        Leur contrat de mariage fut rédigé le 19 août 1770. Ils se marièrent en communauté de biens. La part d'héritage provenant de son père va être donnée dans ce contrat. Charles-François Gagnon reçut de Joseph Durand une terre de 2 arpents de front située au deuxième rang de St-Jean Port Joli. Cette concession comportait quelques bâtiments. C'était probablement celle que Joseph Durand avait échangée avec Régis Caron en 1761. Il devint ainsi le premier Gagnon de la lignée à ne pas habiter près du fleuve St-Laurent. Cette terre appartiendra à notre lignée de Gagnon pendant 3 générations. Il reçut également de Joseph Durand un cheval tout attelé avec la charrette, une vache, 3 moutons, un cochon de l'année, une traîne garnie, un terrier, une plaine, une hache, une pioche et une paire de boeufs de 2 ans. En retour de ce don, Charles-François devra livrer chaque année 4 minots de bon blé à sa mère Marie-Joseph Pelletier. Après le décès de sa mère, il devra faire dire 50 basses messes pour le repos de son âme. Joseph Durand hypothéqua pour Charles-François 2 perches de terre de front sur l'ancienne terre de son père Charles-François. Marie-Anne Miville reçut de ses parents une vache, une taure, 2 moutons, une demi-douzaine d'assiettes d'étain et de cuillers d'étain, un plat, une couverte de laine avec 2 paires de draps, une courtepointe et son coffre avec ses vêtements.
        Un des témoins de ce contrat de mariage était Laurent Caron. Il était un ami de Charles-François Gagnon. Laurent Caron avait des talents de conteur. Une de ses légendes est écrite dans le livre "Mémoires" de Philippe Aubert de Gaspé. Un indien rencontra le curé Ingan de L'Islet pour rapporter l'agonie de Joseph-Marie Aubé. Ce dernier était la bête noire de ses parents. Avant de mourir, il eut à lutter contre le diable pour l'empêcher d'emporter son âme en enfer. Il réussit à sauver son âme parce qu'il portait une médaille de Marie et qu'il fut assisté par cet indien. Laurent Caron fut le grand-père de Marcelline Caron, l'épouse de François-Régis Gagnon.
        Le seigneur de Port Joly était Ignace Aubert de Gaspé. Sa famille dirigeait le fief de Port Joly depuis le début de cette concession. Elle continuera à en être les seigneurs jusqu'à la fin du régime seigneurial. Le dernier seigneur, Philippe Aubert de Gaspé sera un écrivain célèbre du