Le 28 septembre 1892, Eugène remboursa une dette de 300 piastres au marchand Georges Gendreau d'Arthabaskaville. Cette dette aurait été contracté en 1889. Eugène avait à cette date un lieu de résidence à Central Falls aux Etats-Unis.
        Le 15 novembre 1892, Eugène fit son testament. Voici le contenu:
        "Je recommande mon âme à Dieu, mon créateur et le supplie de me faire miséricorde. Je donne et lègue à Dame Virginie Fortin, mon épouse tous les biens meubles et immeubles généralement quelconque ni appartenant que je délaisserai à mon décès pour par ma dites épouse jouir, faire et dispose tous mes dits biens en toute propriété à perpétuité."
        Eugène avait 53 ans lorsqu'il acheta sa terre à Tingwick. Il n'a pas entrepris de gros travaux sur celle-ci. Il continuait à voyager pour travailler aux Etats-Unis. Pendant ce temps, sa terre était louée à une personne du village de Tingwick. Celle-ci la cultivait et récoltait du grain.
        Au recensement de 1901, Eugène avait 62 ans et Virginie en avait 53. Il était toujours cultivateur dans la municipalité de Chénier à Tingwick. Son fils Joseph habitait chez lui avec sa femme Mary. Ces derniers avaient leurs enfants Rose et Donat. Charles et Odilon habitaient encore chez leurs parents. Eugène devait mourir la même année à la suite d'un accident avec une faux. Soeur Evelyne a rapporté le décès de ses grands parents.
        "Notre grand-père mourut sur sa terre à Tingwick, le 16 mai 1901; il fut inhumé au cimetière d'Arthabaska. Lorsque la mort le frappa subitement, il était en train de faucher à la petite faux dans la côte à l'arrière de l'école. Il faut dire que cette école était justement située sur cette côte et n'était séparée de la maison que par une autre légère côte et un petit ruisseau. Cher Grand-père, il venait d'entendre la parole du bon Dieu: "Viens, bon serviteur..."
        Trois petits traits ont traversé ces années qui nous séparent
de la vie de grand-père et sont parvenus jusqu'à nous. Je cite:

a) Grand-père Eugène conduisait la voiture de monsieur le curé Pierre Jutras lorsqu'il faisait la visite de la paroisse.

b) Il ne manquait pas ses 1000 Ave la veille de Noël. La tradition nous rapporte qu'il y a environ 1000 pas de Bethléem à la grotte où naquit Jésus. Ainsi lors d'une veille de Noël, on battait du grain dans la grange. Ne voulant pas manquer ses 1000 Ave, Grand-père, à tous les 10 Ave faisait une entaille avec son couteau de poche sur la rampe de la tasserie. Toutes ces coches sont demeurées là jusqu'à la fin des jours de cette grange, au moins 50 ans puisque la grange fut démolie vers 1954. Heureux temps où l'esprit de foi ne nuisait en rien au travail de ces braves gens.

c) Un dernier trait: Plus de trente ans après la mort de Grand-père, à la gare de Warwick, comme on descendait du train le cercueil de notre père Irénée, on entendit deux vieillards - sourds sans doute puisqu'ils parlaient très fort - faire l'éloge du père d'Irénée Gagnon: "...le bon vieux père Eugène, je l'ai bien connu dans le temps" disait l'un d'eux."
        Notre grand-mère devenue veuve continuera l'exploitation de la ferme avec ses deux jeunes fils Charles et Odilon. C'était une personne jolie, avec une chevelure abondante, blonde et qui frisait naturellement. Même